Joy

Moon Gogo

par Jérôme Florio le 12/03/2018

Note: 6.5    

Quand le Français Federico Pellegrini (Little Rabbits, French Cowboy) et la joueuse de geomungo (cithare traditionnelle à six cordes de soie) sud-coréenne E’Joung-Ju forment un duo cela sonne comment ? De la sono mondiale en business class genre "Lamomali" de M ? Non : de l'électro-rock barbelé sous influence Suicide !

La photo sur la jaquette, comme le nom du disque, sont trompeurs : "Joy" n’est pas une rencontre en terrain neutre, à l’exotisme arrangé pour satisfaire les pages en papier glacé de magazines d’agences de voyage. Les angles sont plutôt saillants, et passés au papier de verre.
La sonorité du geomungo, non trafiquée, n’est pas forcément la star du disque. D’ailleurs à la première écoute, alors que je ne savais rien du duo, j’ai à peine remarqué l’instrument oriental, ou du moins pas en tant que composante essentielle des compositions. C’est un peu le pot de terre contre le pot de fer. Les arrangements sont minimaux, électroniques, et la guitare saturée. Federico chante en anglais, parfois de manière syncopée à la Alan Vega, parfois plus posément (la lancinante " You say I"), toujours près du micro. Les structures répétitives sont sans doute un moyen de trouver un terrain d‘entente commun, en exploitant le geomungo sous son versant le plus percussif.

"Joy" a le mérite de s’aventurer en territoire inconnu, son côté expérimental fonctionnant plus ou moins selon qu'il s’éloigne ou se rapproche du format chanson. Il s’adresse à ceux, s’il en est encore, qui désirent des voyages sans assurance de confort, et à l’issue incertaine.



MOON GOGO Joy (Clip 2017)