The many moods of Murry Wilson

Murry Wilson

par Damien Berdot le 20/05/2009

Note: 3.9    
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Murry Wilson, père de trois des Beach Boys, n'est pas un personnage sympathique. De nombreux récits ont circulé sur les violences qu'il a exercées à l'encontre de ses fils. On lui a même imputé la surdité partielle de Brian - ce qui pour le coup paraît excessif, trop proche de la légende sur la surdité de Beethoven pour être honnête. Dans une interview de 2004, reconnaissant sa dureté, Brian ajouta cependant : "Je l'adorais, car c'était un grand musicien". Vérité ou réécriture melliflue dont le Brian actuel semble s'être fait une spécialité ?
 
Pour le vérifier, il n'y a qu'à écouter l'unique album solo de Murry Wilson, sobrement intitulé "The many moods of Murry Wilson". Paru en 1967 - chez Capitol, bien entendu - l'album a été réédité par Cherry Red.
 
Ce n'est pas un album facile à juger : il relève typiquement de l'easy listening, dans sa version exclusivement instrumentale. Il faut donc s'attendre à des tempos pépères, des cordes langoureuses, des basses lourdes comme dans les thés dansants des cauchemars... Reste la singularité mélodique dont Brian créditait son père. Il y a effectivement une certaine mélancolie dans la chanson inaugurale, "Love won't wait", et dans sa décalque "Heartbreak Lane". Mais tout cela est bien prévisible : rythme de rumba, mélodie sur le mode mineur jouée au piano (mais pas par Ruben Gonzalez)...
 
Les chansons les plus frappantes, à vrai dire, ne sont pas de la main de Wilson. "The warmth of the sun", avec son cor et son piano en octaves (comme dans un concerto), est reprise du fiston Brian. "Just 'round the river band" peut donner l'impression d'une ampleur cinématographique : c'est qu'elle est l'oeuvre du spécialiste en la matière Don Ralke et de Deeda Patrick. Quant à "Italia", elle fut écrite par Al Jardine et produite par un Brian Wilson qui apporta quelques effets pittoresques, sans toutefois forcer son talent !
 
Comme pour toute musique de ce genre, on peut éventuellement, aux premières écoutes, laisser traîner une oreille paresseuse, en imaginant des cocktels dans quelque île des Caraïbes. Puis le sens de la réalité revient : c'est un album sans aucune tension, ce qu'on ne peut pas pardonner quand on se souvient qu'il est sorti l'année où Brian travaillait à "Smile". On range le Cd dans une armoire pour ne plus le ressortir. Et on se met à penser que, tout compte fait, Murry a peut-être bien fait perdre une oreille à son fils !