7 worlds collide

Neil Finn

par Filipe Francisco Carreira le 07/12/2001

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Anytime
There is a light that never goes out


You love the song but not the singer. Cette phrase de Placebo résume à elle seule l'histoire de Crowded House et de Neil Finn son ancien leader. A cette différence près que tout le monde aime Neil Finn, seulement personne ne le connaît. Sa raie de côté, sa discrétion et sa non participation à Star Academy - toutes choses à mettre à son crédit - auront définitivement ébranlé son potentiel de célébrité. Aussi, le chroniqueur ne sait à quel genre d'artiste il a affaire ni comment l'introduire auprès de ses amis. Heureusement on est au concert et il y a la musique, et dès les premiers instants de "Anytime", ces interrogations s'envolent comme autant de tourments vers un ailleurs d'où elles ne reviendront plus. La voix de Neil, chaude et mélancolique, va droit au coeur et une multitude de notes se glisse dans les coins et recoins de l'imagination, l'invitant à poursuivre la mélodie comme on prolonge un rêve. Quelques minutes et un "Take a walk" quelconque plus tard, l'oeil, encore hébété, se pose paresseusement sur la pochette... Ed O'Brien, Phil Selway, respectivement guitariste et batteur de Radiohead, Tim, frère cadet, Eddie Vedder, Lisa Germano et Johnny Marr : tous étaient, ce soir-là, sur scène aux côtés de Neil. Si la présence de chacun s'entend, ce qui frappe ici c'est la cohésion, l'esprit d'équipe qui fait cruellement défaut aux dream teams. Certes "I see red" n'évite pas les effets 'taratatesques' (façon 'tu fais le premier couplet j'enchaîne hourrah'), mais "Stuff and nonsense" (avec les deux mêmes, Eddie Vedder et Tim Finn) est un bonheur. Le chanteur de Pearl Jam y emploie une délicatesse qui l'éloigne davantage de l'influence de Jimmy Connors. Le couplet, ample et majestueux, promet un refrain somptueux... qui déçoit et fait, par conséquent, les affaires de "Edible flowers" qui l'emportera au ballottage. Non loin de là, "Paper Doll", écrite et interprétée par Lisa Germano, déchaîne les passions (cette fille est belle, très belle, on 'l'entend' !). Enfin, la présence de Johnny Marr sert de prétexte à une reprise du bouleversant "There is a light that never goes out" de son ancien groupe les Smiths, avec Neil Finn dans le rôle de Morrissey. Ce dernier chantait la rage au ventre, comme s'il était question de vie ou de mort. Rien de tel chez l'australien mais une sincérité désarmante au service de mots tragiques et destructeurs. En résumé, ce disque n'est pas un 'live' comme les autres : il brille par ses moments d'intimité, ces chansons si proches et si familières qu'elles semblent des classiques d'une vie antérieure. Ou d'un monde parallèle. Ce ne serait que justice. Sinon, comment expliquer la confidentialité qui entoure les albums solo de Neil Finn lorsque "Anytime" ou "She will have her way" sont dignes du meilleur Crowded House ? "7 worlds collide" n'est certainement pas le disque de l'année mais il tient chaud l'hiver et c'est déjà beaucoup.