Holon

Nik Bärtsch's Ronin

par Hugo Catherine le 31/08/2008

Note: 9.0    

"Stoa" fut une magnifique surprise, "Holon" est une confirmation magnifique. Nik Bärtsch parvient à créer une musique extrêmement proche de son album précédent, mais sans redites. Mieux nous éprouvons le doux plaisir d'arriver en terrain connu et chéri. Nous nous lovons dans un zen envoûtant. Les compositions se sont densifiées et sonnent comme des évidences dès la première écoute.
 
L'art de tourner en rond est peut-être ce qui enchante le plus. Superposition permanente de mouvements répétitifs et tournoyants, "Holon" fait la part belle à une évolution lente et irrépressible de chaque thème. La machine est bien huilée, les montées progressives, les explosions sans cesse retardées. Ce procédé volcanique, alternant endormissements et irruptions, attise le désir infernal de l'auditeur de voir la machine s'emballer toujours plus. Mais les musiciens jouent avec le feu sans se brûler; la cadence est souvent soutenue mais le volume maîtrisé, l'intensité bridée, le groove chatouillé. Les nuances et les "ghost notes" sont les ingrédients essentiels d'une musique subtile, en équilibre.
 
Le pouvoir hypnotique de Nik Bärtsch tient non seulement à son approche arithmétique de la mesure mais aussi au soin constant apporté à la matière sonore. Le piano, souvent très en avant, agit comme une pulsation cristalline. Les autres instruments, aux sons ronds et feutrés, créent un chaloupement permanent, ponctué de délicats soubresauts.
 
Fluctuant entre séquences introspectives et explosions festives, "Holon" aide à se sentir bien de l'intérieur pour rayonner à l'extérieur. Pour une écoute dans la plénitude de l'instant.