Groove alla turca

Öçal Burhan & Jamaaladeen Tacuma

par Olivier Fassinotti le 13/06/2001

Note: 6.0    

Mélanger rythmes traditionnels turcs et groove jazz-funk ! Un projet de belle envergure mené par le bassiste américain Jamaaladeen Tacuma et Burhan Öçal joueur turc de darbouka. Pour assister les deux compositeurs, des musiciens new-yorkais, philadelphiens et turques. Jack Walrath (trompette), Art Baron (trombone), Daryl Burge (batterie), Rick Jannacone (guitare) pour la nouvelle Amérique. Hüseyin Bitmez (oud), Ekrem Basi (darbuka), Ferdi Nadaz (clarinette), Fetih Tekyaygil (violon) entre autres pour la Turquie. Sans oublier Natacha Atlas, la chanteuse arabe tendance, invitée sur quatre titres.

Jamaaladeen Tacuma - connu pour ses groovesques exercices de style sur son manche à quatre cordes - oscille entre le bon et le moins bon, l'innovant et le kitch depuis une quinzaine d'années. Cet album en est un parfait exemple. Des morceaux détonants comme "Nihavend longa" aux puissants chorus de cuivres et "Groove alla turca" funk oriental très efficace. Mais aussi des compos beaucoup moins convaincantes telles "El nino" aux arrangements discos ringards au possible ou "Habibi", sorte de bande d'ambiance de club à strip-tease où seule la voix envoûtante de Natacha Atlas sort du lot. Dans un esprit proche du jazz rock de Miles Davis, "Elhamdulillah". Mais sur celui-ci, la darbuka de Öçal fusionne mal avec les effets 80's sortant de la guitare de Rick Jannacone. Sur les plates-bandes de Mr Davis le dérapage est souvent vite arrivé ! Reste "Two by two", un peu moins conventionnel dans sa démarche créatrice : deux pistes de basses mixées avec deux pistes de percussions. Ou aussi "Kismet", peut-être le plus intéressant de l'album par sa fraîcheur et sa spontanéité. On se croirait en répet' ! Enfin, en quinze ans, on s'aperçoit que Tacuma a conservé le même son de basse. Certains diront qu'il y est fidèle; d'autres, qu'il a plutôt mal vieilli.