Sauvage formes

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp

par Jérôme Florio le 17/04/2018

Note: 7.5    

Depuis ses débuts en 2006, l'ensemble genevois à géométrie variable – figé pour l'heure dans une formation large de quatorze musiciens sur scène – se joue des barrières musicales avec un appétit communicatif. Ce quatrième disque "Sauvage formes" est fidèle au credo contenu dans le nom du groupe, l'hommage attendri aux orchestres africains, et le plaisir transgressif du dynamitage stylistique cher à un des papes de l'art contemporain.

Pop symphonique ? Post rock ? Fanfare ? Batucada brésilienne ? Les compositions semblent s'écrire au fur et à mesure de leur écoute, dégageant une sensation de spontanéité, prenant des embranchements étonnants mais qui ne laissent jamais sur le bord de la route. A la production (comme pour le premier disque "Rotorotor", 2014) l'inestimable John Parish amène sans doute ce qu'il faut de rigueur et de tranchant dans le son  - avec lui les guitares ne sont jamais lésées - pour canaliser ce bouillonnement sans l'étouffer. "Sauvage formes" est en permanence travaillé par le rythme, souvent dansant, une pulsation qui irrigue tous les titres. L'OTPMD exalte le collectif, particulièrement sur scène, une sensation que provoquaient les canadiens de Arcade Fire avant qu'ils ne deviennent une grosse machine à concepts creux.

A la différence d'orchestres classiques, on ne sent aucune guerre d'ego, pas de hiérarchie, tout le monde semblant trouver son compte dans un équilibre qui tient à la fois d'un petit miracle musical et d'un idéal politique. La musique semble être pour l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp une vaste Zone A Défendre (ZAD) dans la joie.



OPTMD Lost and found (Audio seul 2018)



OTPMD Live Paléo Festival 2017