| | | par Hugo Catherine le 13/11/2006
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| Pascal Zavaro regroupe ici quatre uvres indépendantes. "Flashes" est une composition pour orchestre, tout comme "Three studies for a crucifixion", tandis que "Metal music" et "Fiberglass music" constituent des pièces de musique de chambre, ensemble de cuivres et percussions d'une part, quatuors à cordes amplifiés d'autre part. Annonçons dès maintenant qu'il n'est pas forcément opportun de commenter ces uvres d'un coup d'un seul. Mieux vaut alors s'en tenir aux faits les plus marquants, qui le sont assurément.
Le coup de maître de Pascal Zavaro pourrait bien être "Flashes", la composition ouvrant son album. Par une succession de cinq plan-séquences dans cinq villes d'attache différentes (Tokyo, Le Caire, Paris, Varsovie, New York), Pascal Zavaro file des thèmes musicaux aux senteurs hitchcockiennes. Avec "Flashes Tokyo", l'auditeur est pris dans les tourbillons d'une course-poursuite empressée dans les faubourgs de la ville. Les allures sont majestueuses et haletantes : malgré l'éclat du décor, la conscience du danger prime ; en 2'30, nous voyons Tokyo dans nos oreilles. "Flashes Le Caire" reprend le même thème musical, avec quelques variations, le brigand semble toujours en fuite, l'orchestration toujours cinématographique : cuivres, violons, percussions à grand renfort de timbales, nous y croyons, nous nous y croyons, bandit ou justicier. Dans "Flashes Paris", les affaires semblent reprendre dès le petit matin, dès les premières lueurs. En effet, avec Paris puis Varsovie, l'histoire reprend là où nous ne l'attendions pas : le cache-cache continue, mais à tâtons cette fois. Nous croyons alors à la chute finale, au scénario englouti. Que nenni tant "Flashes New York" fait évidemment place à la ville des villes pour que nos personnages imaginaires puissent en découdre. Femmes fatales, gros sous et hommes d'honneur, tout est à voir et à entendre, comme dans les meilleurs films noirs. Quand une carte postale saisit la futile apparence, les flashes de Pascal Zavaro dévoilent bien plutôt la subtile essence.
Après nos premiers flashes, l'album se poursuit dans une ambiance plutôt grave, inquiète, désolante. Ceci n'est pas étonnant sachant que "Three studies for a crucifixion" s'inspire du fameux triptyque de Francis Bacon. Cette nouvelle épopée nous promène dans les humeurs de la mélancolie : passé anxieux, peur de l'avenir, ne nous resterait-il que le temps présent pour évacuer la tristesse des temps passés et à venir ? Justement, l'immédiateté du temps présent semble à portée de sensation dans la troisième partie du triptyque : "froid et pulsé". Dans son dénouement quasi-tribal, "Three studies for a crucifixion" se relève sous l'impulsion d'une saccade jouissante. Nous sommes partis, nous sommes revenus, mais nous ne savons où. Et pourtant, tout se tient, nous sommes là.
Pascal Zavaro s'encanaille avec "Metal music" où la grande maîtrise d'interprétation se ressent dès les premières notes d'un crescendo introductif très concluant. Sa musique contemporaine prend des airs populaires, avec beaucoup d'envergure : cuivre et percussions nous entraînent dans des belles enjambées, entre deux reprises d'un refrain très alléchant.
Enfin, "Fiberglass music" est peut-être davantage constitué de compositions plus intellectuelles. Les modulations de thèmes des deux quatuors à cordes sont moins accrocheuses. Cette dernière pièce parvient tout de même à illustrer la noirceur enjouée qui habite cet ensemble d'uvres de Pascal Zavaro : qui dit flashes dit obscurité.
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