Chain

Paul Haig

par Emmanuel Durocher le 20/05/2008

Note: 6.0    

Au début des années 80, Paul Haig a fait les beaux jours de la scène post-punk de Glasgow aux manettes de Joseph K. Un peu comme leurs copains d'Orange Juice, ils créaient un pont avec l'Amérique du Nord et invitaient Television ou les Ramones à danser un mélange de disco, punk et funk aux portes des Highlands. Après le split du groupe, l'Écossais a poursuivi une carrière solo avec pas mal de collaborations (Anton Fier de Pere Ubu, Bernie Worrel de Parliament/Funkadelic, le Thompson Twins Tom Bailey, Bernard Sumner de New Order, Cabaret Voltaire...) mais c'est avec son compatriote, l'ex-Associates Alan Rankine que le chanteur va trouver son double complémentaire.

"Chain" est sorti discrètement en 1989 (chez Virgin tout de même). Accompagnant des textes pétris de références littéraires et cinématographiques (la pochette montre le visage d'Audrey Hepburn en gros plan), la voix de Paul Haig, qui évoquait à ses débuts Lou Reed et Frank Sinatra, s'est mué en un hybride de Billy Idol et d'Iggy Pop libéré de ses pulsions animales. La musique porte les stigmates de la décennie passée et contient les bribes de celle à venir, entre new wave aux guitares cristallines et synth pop qui regroupe un panel des claviers existants à l'époque (on pense aussi bien à New Order, Depeche Mode, Human League…), le chanteur se laisse aller vers des dérives plus musclées, de l'électronique instrumentale et des exercices plus ou moins heureux de mutant disco ("Time of her time").

Entre morceaux brillants et titres frôlant le ridicule, l'éclectisme un peu fourre-tout de "Chain" (augmenté de quatre bonus dans cette réédition) permet d'y trouver son compte sans être rassasié et complètement convaincu. Il reste un témoin (modeste) d'une période de transition. Cela n'a pas empêché l'Écossais de poursuivre son chemin et encore aujourd'hui avec son label Rythm of Life.