ELB

Peter & Erskine, Nguyên Lê & Michel Benita

par Sophie Chambon le 30/04/2001

Note: 8.0    

D'une rencontre au Midem 99 est né ELB, un nouveau trio, qui explore sereinement les marges du jazz et du rock, suivant la trajectoire libre du guitariste Nguyên Lê. Nourri dès le départ à l'énergie et à l'électricité, amoureux de la transe d'un Jimi Hendrix, ou de l'intelligence raffinée de la musique d'un King Crimson, passionné aussi de jazz rock, Nguyên Lê n'est évidemment pas contre les métissages culturels, musicaux, voire climatiques, du Maghreb à son Vietnam d'origine : amateur de toutes les aventures depuis Ultramarine et l'ONJ d'Antoine Hervé (l'Orchestre National de Jazz), fidèle à la formule du trio, c'est l'un des guitaristes de jazz, qui pour acquérir une identité stylistique a toujours su jouer rock, mais un rock improvisé, canalisé, ample et lyrique. Peu de distorsions, de Larsen ou de stridences faciles, de cascades de notes rapides, il a laissé de côté tous ces effets virtuoses. Dans cet album, il s'oriente vers une nouvelle étape, celle de la maturité (?), de la quarantaine non rugissante, et il tente de réintégrer les expériences world dans la ligne jazz. Une musique forte et tendre, rigoureuse et poétique dont Michel Benita et Peter Erskine sont les complices rêvés, habiles constructeurs de sons et de rythmes, solaires et discrètement efficaces au besoin, dans des thèmes plus ou moins virevoltants, où ils accompagnent la guitare laquée de Nguyên Lê. Un voyage intérieur auquel nous sommes conviés, celui de l'imaginaire. Un disque au charme secrètement persistant.