Juan Manuel

Plastilina Mosh

par Christian Tranchier le 29/12/2000

Note: 6.0    

Pour son deuxième album, ce groupe mexicain composé principalement de Jonaz (aux guitares et mix) et Alejandro Rosso (à la programmation), s'est entouré de Chris Allison, collaborateur du Beta Band, et de Money Mark, bidouilleur des Beastie Boys (excusez du peu). Ces légitimes co-productions développent davantage l'esprit inhérent ambiant : un album fourre-tout dans le bon sens du terme, des musiciens aux curiosités et aux influences multiples. Mélanges et fusions sont les maîtres mots. "Juan Manuel" (le prénom d'un ami au passé sombre, nous n'en saurons pas plus) relève autant de l'ambiance cosy et feutrée si "hype" façon Hôtel Costes que de l'easy-listening ("Shampo", "Arpoador"), de la fusion rock-hip-hop agrémenté de house (" Bassass", "Boombox baby"). Une fois le shaker secoué, cela donne une tequila à la mixture détonante, non dénuée de piment et d'humour ("Good bye happy farm" et ses bruits d'animaux de ferme !). Plastilina Mosh entreprend tout avec fougue, application (ça rappelle les Thievery Corporation, les Beastie Boys, Beck dans cette volonté de pluralité mais l'âme en moins) et s'amuse avec sérieux et vice-versa. Touches à tout, ils enchaînent avec entrain les instrumentaux, en grande partie à la sauce rock latino, voire salsa-electro ("Tiki fiesta"), pour ne rien renier de leurs origines, et déclinent différents niveaux de l'electronica, souvent carrément déjantée. Ca chante en anglais et en espagnol, ça parle, ça rappe, ça caquette, ça meugle, il y a des trompettes, de l'accordéon, des guitares électriques, bref tout un attirail qu'on aimerait bien inscrit dans une réelle ligne directrice artistique. Dans "Juan Manuel", celle-ci est trop riche, brouillée et scolaire pour convaincre et émouvoir plus que de raison. (A noter la brièveté toute punk de l'album : 33 minutes et 58 secondes).