Dins

Psychic Ills

par Jérôme Florio le 29/09/2006

Note: 7.0    

A la fin de "Il était une fois en Amérique" de Sergio Leone, Robert de Niro/Noodles s'enfonce dans un trip opiacé : "Dins" pourrait en être la bande-son.

Les New-Yorkais créent un mélange vaporeux et entêtant, pleinement psychédélique : du rock tendu derrière un écran de fumée, travaillé par des percussions tribales qui martèlent comme le sang dans les tempes. Les titres s'enchaînent comme un seul long morceau de 37'58 qui serait saucissonné en huit un peu au hasard : les chansons aux structures les plus identifiables (chant voilé, rythmique obsessive, guitares saturées d'effets reverb et delay) semblent émerger spontanément d'une pâte sonore sans doute créée à partir de jams interminables, sur un seul accord, parfois au bout de quelques minutes. Elles ne sont jamais le centre du morceau, comme captées au détour d'une balade sur les ondes d'une radio de station spatiale. "Interstellar overdrive" des Pink Floyd est le modèle absolu (et indépassable…) de "I knew my name" : les Psychic Ills visent la sidération avec moins de moyens et une folie savamment construite, mais maîtrisent parfaitement leur son. A côté des bonnes vieilles recettes ("Inauration" a recours aux bandes jouées à l'envers - facile à faire d'un clic de souris de nos jours), ils construisent leurs compos à l'aide de boucles jouées live, qu'ils superposent, déroulent, font varier en maintenant la tension.

"Untitled" est une plage ambient à base de nappes de sons électroniques, travail dont Brian Eno est le grand pionnier ; le quartet new-yorkais arrive à concilier expérimentation et explosion, ce qui suffit à le faire sortir des sentiers battus du genre.