Intégrale (Collection des Ep sixties français)

Ria Bartok

par Francois Branchon le 19/09/2000

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Tu as perdu la tête


Ria Bartok faisait partie, en notoriété, des troisièmes couteaux de la scène "yéyé" française 60's. Et ce statut, au royaume des reprises, lui coûta plutôt cher. Dotée d'une jolie voix et d'un charmant petit accent (elle est allemande), Ria Bartok se fera toujours griller par plus gros qu'elle.

"Parce que j'ai revu François", repris en 1963 de "I saw Linda yesterday" de Dicky Lee est concurrencé par Johnny Hallyday ("Parc'que j'ai revu Linda"). Pour "Coeur" en 1963 (le "Heart" de Barry Mann et Cynthia Weil), morceau visant la clientèle de "Capri c'est fini", l'émission phare de l'époque Salut Les Copains pousse la version de l'italienne Rita Pavone ! En 63 toujours, Dick Rivers lui brûle la politesse pour "Everybody" de Tommy Roe ("Tout le monde sait tout"). Idem pour Vic Laurens pour "All i want to do is run" des Elektras, et pourtant l'adaptation de Jean-Max Riviere ("La madrague" pour Bardot) en "Seule parmi les autres" tenait bien la route. L'année suivante, persévérante, elle s'offre un match avec le poids lourd Richard Anthony pour la reprise de "Il mondo" d'Humberto Bindi. "Ce monde" sera le succès énorme de l'été 64 par... Anthony (en toute logique cette fois, pour une chanson qui réclamait du "coffre").

Malgré le sort, elle finira par claquer le bec du père Richard la même année avec "Et quelque chose me dit" ("I'm into something good" de Herman's Hermits), resté trois mois au hit parade français. Son répertoire s'orne encore de quelques reprises de bons titres des Honeycombs ("That's the way"), Sandie Shaw ("You can't blame him"), Paul Revere & The Raiders ("Action"), Chris Ballard (un "Ne m'appelle plus jamais"/"Don't call me anymore" très Nancy Holloway) ou le meilleur de tous, "Tu as perdu la tête" ("Somebody else's baby" de Diane Castle).

Magic fournit ici une intégrale en 40 titres de Ria Bartok, intégrant quatre morceaux rares. Aujourd'hui furieusement datée "made in France 1963", Ria Bartok ne chantait ni mieux, ni moins bien qu'une Vartan, une Stella ou une Sheila. Que serait-elle devenue sans cet incendie de 1966 qui lui coûta la vie... ?