Ses plus grands succès

Richard Anthony

par Francois Branchon le 02/11/2020

Note: 8.0    
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En regard de la popularité et du nombre de succès qu'a connus Richard Anthony au fil des sixties (deuxième plus gros vendeur derrière Hallyday), on peut s'étonner que le catalogue de ses œuvres soit à ce point négligé par sa maison de disques d'origine (Pathé Marconi, devenue EMI), dont on attendrait, en reconnaissance du paquet de fric engrangé alors, une reconnaissance du ventre minimale. Mais les marchands ont leurs logiques, et faut bien admettre que si Hallyday a conservé une masse énorme de fans assez benêts pour racheter la moindre réédition repackagée une dixième fois, ceux de Richard Anthony sont nettement plus discrets. Faut bien aussi constater avec le temps, une sorte de mépris institutionnalisé à l'égard du chanteur de la part des exégètes de tous poils (ceux qui surgissent opportunément dans les média au moment des décès), le (dis)qualifiant aujourd'hui sous l'étiquette de "Tino Rossi" du rock.

J'ai toujours aimé Richard Anthony, pour son feeling anglo-saxon des bonnes chansons à reprendre, des bons studios et des bons arrangeurs (Ivor Raymonde) pour les enregistrer. Et j'ai toujours détesté Tino Rossi.

Il faut donc compter sur le travail d'archiviste de petits labels indépendants (Magic en particulier) pour voir rééditées des chansons indissociables des années Salut Les Copains. Il leur manquait une sélection visuelle. C'est chose faite avec cette production de Marianne Mélodie issue des archives de l'INA, mises en forme par Michel Poulain (un ex de Salut les Copains) et rassemblant une collection impressionnante de passages télé (près d’une cinquantaine).

Authentique pionnier du rock en France (avec Danyel Gérard), deux ans avant Hallyday, Anthony inaugure la télévision française dès 1959, puis participe à tout ce que l'ORTF a proposé comme émissions de "variétés" (Palmarès des chansons, Douce France, Domino, Télé dimanche...) ou spécifiquement dédiés aux jeunes (Age tendre et tête de bois, Rendez-vous sur le Rhin...). Ajoutons les Scopitones et quelques passages filmés sur scène à l'occasion des Galas aux Étoiles que produisait Europe No1. Autant de matériel sonore et visuel dont Michel Poulain disposait pour proposer un panorama extrêmement riche et varié, sans faire l'impasse sur sa période "rame" du milieu des 70's ("Tu es ma chance" croonerie à brushing et col pelle a tarte en satin noir, on passe vite...) ni sur cet improbable retour de1982, "Mes années 60", fruit de deux ans à Los Angeles en collaboration avec l'écrivain Pierre Rey, chantée en direct dans l'émission de midi de Philippe Bouvard.

Il serait fastidieux de tout lister et commenter, notamment sur les années soixante, auxquelles cette sélection fait la part belle. Citons juste pêle-mêle, le scopitone de "Nouvelle vague" en MG (1959), son premier passage télé avec "La rue des cœurs perdus" (1959) présenté par le très populaire Georges Descrières (document !!), plusieurs versions de "A présent tu peux t'en aller" (en 1962, 64 et 65), "J'irai twister le blues" filmé sur scène en 63 (probable tournée avec Jocelyne et Claude Ciari), "Et après" dans une émission de Drucker (déjà !!) de 67, écrite, présentée et accompagnée à la guitare par Salvatore Adamo, "Au revoir mon amour" en 65, titre londonien produit par Ivor Raymonde, chanté en primeur pour Age tendre, "Neige" (1971), accompagnée par Albert Raisner à l'harmonica, ou mieux, invitant les jazzmen Pierre Cullaz, Maurice Vander et Christian Chevalier, toujours chez Raisner, pour l'accompagner sur "Avec une poignée de terre" en 1962 (à voir ci-dessous).

Au total, près de cinquante chansons sont proposées. Tout amateur de Richard Anthony ne pourra qu'apprécier.



RICHARD ANTHONY La corde au cou (TV 1964)


RICHARD ANTHONY Avec une poignée de terre (Live 1962 Age tendre)