| | | par Emmanuel Durocher le 24/03/2006
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| Richard Ashcroft s'est calmé, finies les excentricités (drogues en tous genres et autres violences hôtelières) de l'époque The Verve qui ont jalonné les années 90 jusqu'au succès de "Urban hymns". Le chanteur à gueule de lad et à l'ego surdimensionné mais doté d'une voix en or, devenu père de famille, a mis un peu d'eau dans son vin pour mener une carrière solo assez tranquille (mais toujours accompagné par le batteur Peter Salisbury) ponctuée par trois albums : le très convenable "Alone with everybody" en 2000, le sous-estimé "Human conditions" deux ans plus tard et ce "Keys to the world".
Le disque commence par une question "Why not nothing ?" pourquoi ne pas rien faire, est-il utile de continuer quinze ans après les débuts de Verve (qui rajoutera l'article suite à un procès du label de jazz Verve Records) ? A entendre la mélodie byrdsienne et la voix nasillarde à l'accent gouailleur mâchant ses mots, la réponse semble être oui et ça se confirme avec la soul de "Music is power", envolée lyrique à la Marvin Gaye, touche de violon et sample de Curtis Mayfield ainsi qu'avec "Keys to the world" une sorte de funk psyché, un peu calibré mais réellement entraînant.
Les autres titres se laissent écouter agréablement mais sont parfois un peu pâlots, Ashcroft reste un habile faiseur de chansons mais l'ombre de son ancien groupe semble planer comme un regret ; à l'image de "Sweet brother Malcolm", il y a une "sweet symphony" à laquelle manque cependant une touche de "bitter", cette amertume qui faisait la saveur du quatuor de Wigan. L'album se termine par le country-blues "World keeps turning" et, malgré sa teneur politique, on ne peut s'empêcher d'imaginer un constat sévère de l'auteur sur lui-même : le monde tourne très bien sans lui en l'obligeant à accepter une bonne dose d'humilité
il ne faut pourtant pas être si négatif, ce "Keys to the world" reste très honorable. |
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