Lowedges

Richard Hawley

par Filipe Francisco Carreira le 17/11/2003

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Run for me
The motorcycle song


Richard Hawley n’est pas n’importe qui. Guitariste brillant, il a, au cours des années 90, fait partie des Longpigs, collaboré avec All Saints ou Robbie Williams et tourné avec Pulp.

Originaire comme ces derniers de Sheffield, Richard Hawley s’inspire de sa ville pour mettre en scène les errances d’amoureux blessés - "Darlin" - de motards en proie à des problèmes mécaniques - "The motorcycle song". Autant d’histoires modestes à l’image d’un auteur dont la carrière solo commence un peu par accident, avec la séparation des Longpigs. En 2001, ses premiers enregistrements voient le jour sous la forme d’un mini-album, suivi quelques mois plus tard du remarqué "Late night final". Aujourd’hui, la pochette de "Lowedges" le montre en contre-jour, juché fièrement sur un somptueux engin à deux roues, évoquant Steve McQueen dans "La grande évasion" ou Elvis Presley.

Si l’influence du King est d’ailleurs incontestable, ce ne sont ni l’interprète bondissant de "Jailhouse rock" ni le chanteur vieillissant de "My way" qu’on peut ici évoquer, mais un Presley entre deux âges, celui de "In the ghetto" et du moins connu "Always on my mind". Richard Hawley chante avec une voix grave, chaude et sexy des ballades au classicisme noble, subtiles et affûtées. Ses "Darling", ses "Oh my love" ou encore ses "Baby, i’ve been running…" ("Run for me") n’ont rien de vulgaire ou d’ordinaire mais débordent de cette substance qui transcende les clichés, de cette sincérité qui désarme les critiques, de cette classe qui ne saurait s’expliquer… Tout ici tient de l’état de grâce, des guitares chuintantes et cristallines aux arrangements de cordes d’une discrétion et d’une pudeur exemplaires. "Lowedges" est le compagnon idéal de ces dimanches où, après s’être couché trop tard et avoir un peu trop bu, on se réveille un peu minable et, surtout, irrémédiablement seul. Il donne envie de rouler sous la pluie, de se perdre la nuit dans les routes de campagne, de sentir la peur et l’espoir de ne jamais retrouver le chemin du retour.

Ce troisième album de Richard Hawley n’a pas d’autre ambition que d’émouvoir au travers de simples chansons pop ; il n’a aucune prétention avant-gardiste, ne colle pas même à son époque et l’Histoire l’oubliera probablement… du moins l’Histoire officielle. Peu importe : "Lowedges" n’a pas besoin de ça pour exister.