Melody A.M.

Röyksopp

par Olivier Santraine le 29/12/2001

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Poor Leno
Sparks


Röyksopp ou l'auberge espagnole de l'électronique tenue par deux norvégiens. Ceci juste pour situer. Car pour expliquer d'où vient l'étrange cohésion de ce premier album, il faut réaliser une découpe approfondie, extraire chaque titre et comprendre pourquoi il colle si bien avec tous les autres. On trouve d'abord avec "Sparks" l'esprit Grand Central (Rae & Christian, Aim...), une soul soyeuse, un rien rétro, top classe, qui glisse doucement sur des jambes qui commencent à s'agiter. La voix de velours est offerte par Anneli Drecker, ancienne chanteuse de Bel Canto, venue en voisine. Pour rester dans le voisinage, on rencontre Erlend Oye de Kings of Convenience (de grands amis, Röyksopp a remixé un titre des Kings sur "Versus") sur deux titres dont le tubesque "Poor Leno", irrésistible chatouilleur. Impossible à moins d’être sourd au dernier degré de ne pas danser. Pas très éloigné de Moby finalement. Un peu plus loin, c'est les fantômes de Eno et Bowie, période fin 70 à Berlin qui habitent "She's so". Un long morceau d'ambient music à faire froid dans le dos. Hop, on se réchauffe avec "Röyksopp's night out", électro très urbaine, presque martiale, très musique de film, presque drum & bass (axe Propellerheads / Fatboy Slim). Et puis, comme on évite pas le revival 80's, il faut jeter une oreille sur "Eple", électro pop néo futuriste où une rythmique très actuelle vient épauler un jingle genre TF1 pour "Starsky et Hutch". Finalement, pour la bonne conscience, une incursion dans l'expérimental de chez Warp ("In space") voir un peu plus loin ("40 years back/come", étrange croisement entre Squarepusher et les Young Marble Giants). Bref, on se dit que "Melodie AM" a tout l'air d'une compilation de vingt ans de musique électronique, mais qui recèle ce foutu ciment magique qui donne à tous ses titres une cohésion, une personnalité. Et qui le rend si attachant.