All we grow

S. Carey

par Jérôme Florio le 01/12/2010

Note: 7.5    

Sean Carey est batteur, mais cela ne s'entend pas - comme Robert Wyatt. Derrière ses toms pour la personnalité imposante de Justin Vernon (Bon Iver, "For Emma, forever ago", 2008), Carey passait inaperçu : "All we grow" est un disque contemplatif et assemblé avec patience. C'est un travail solitaire, qui fait penser à celui déjà lointain de Ben Watt avant Everything But The Girl – notamment son Ep avec Wyatt "Summer into winter" (1982). Sean Carey dévoile un goût pour un lyrisme rentré, frémissant, comme du Radiohead ou du Shearwater projetés dans des "soundscapes" avec boucles et claviers tramés (le bien commé "Rothko fields"). Délicatement acoustique, "All we grow" est un disque parfait pour la saison, avec ses couleurs aussi fugaces que les feuillages d'automne - le contre-chant féminin, les notes éparses de piano et les cordes frottées au sein de "In the stream" brefs comme une averse. On retrouve un savoir-faire rythmique sur l'instrumentale "Action" et "In the dirt", prenantes avec peu de chose. Le risque de la musique de Sean Carey est de n'en faire pas assez à force de vouloir en faire peu, dans une sorte de souci de justesse et de traque constante d'un état fragile, que l'on épingle comme un papillon. De la beauté presque gaspillée sur la place publique.



SEAN CAREY In the dirt (Audio seul)