Tramp

Sharon Van Etten

par Jérôme Florio le 26/03/2012

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
In line
Give out


"Tramp" - pour une vagabonde, Sharon Van Etten est très bien entourée, couvée puis portée par la bande d'amis et musiciens soudée autour du groupe new-yorkais The National. Outre leur guitariste Bryce Dessner qui se charge de la production et assure quelques parties de guitares, on peut entendre Thomas Bartlett (Doveman) au piano ou encore les choeurs de Zach Condon (Beirut) sur deux titres.

Sharon se choisit des pères tutélaires : elle partage à égalité une photo avec Dessner, et le disque est
dédié à John Cale - sans que l'on puisse faire un rapprochement autre que le visuel qui reprend à l'identique celui de "Fear" (1974).








Au dos de "Fear", John Cale est l'image même de la prostration. Sharon Van Etten a un regard bien plus serein et se tient droite, comme en voie d'épanouissement. "Tramp" vaut notamment par le beau son, le travail sur la profondeur de champ, et sa dynamique qui est une signature des disques de The National (la rythmique en rafales de breaks sur "Serpents"). Malgré sa longueur (12 titres), "Tramp" tient solidement la distance. Les mouvements de balancier acoustique-électrique rappellent le Neil Young de "After the gold rush" (1972), notamment l'ample "In line" qui palpite au coeur du disque, parfait mélange entre rythmique qui colle au sol et le timbre à fleur de peau de la voix de Sharon, entre tendresse et appréhension, qui trouve là une force singulière.
Les bons moments ne manquent pas (la ténue "Magic chords" avec Condon aux choeurs, "Give out", "Kevin's"). On sent la volonté qui entoure le disque de faire de la bonne musique : la force d'un collectif idéalement mis au service des chansons de Sharon Von Etten.



SHARON VAN ETTEN Leonard (Clip 2012)