Pop Rock | | 2005 | Album Original | Un CD EMI 2005 |
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SPIRALE | | |
| | | par Emmanuel Durocher le 03/11/2005
| Morceaux qui Tuent Gong Glosoli
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| Quatrième album des islandais de Sigur Ros, et va-t-on à nouveau se prendre au jeu comme pour "Agaetis byrjun" (2000) ou "( )" (2002) et céder aux mélopées aériennes et éthérées de ces quatre musiciens qui peuvent autant charmer et envoûter qu'agacer.
"Takk" fait office de mise en bouche avec une longue nappe synthétique de deux minutes, le groupe veut-il avec ce titre ("merci" en islandais et autres langues scandinaves) nous remercier de nous accrocher à écouter sa musique pendant plus d'une heure ? Mais, à peine cette question posée, on se trouve pris dans le tourbillon de "Glosoli", quatre notes de basse magiques accompagnées de la voix de castrat de Jon Thor Birgisson suivies par une impressionnante montée de guitares à travers les synthés, un peu comme une rencontre improbable entre Mogwai et Slowdive, ambiance retrouvée plus loin dans "Gong" mais la voix devient plus torturée et très semblable à celle de Thom Yorke de Radiohead. Par contre "Se lest" apparaît plus léger et même novateur puisque les brumes vaporeuses voisinent avec une ambiance vaudou pour ensuite se confondre avec des cuivres de fanfare et des cordes tremblantes pour finalement se noyer dans un chant de grillons mécaniques.
Certains titres sont mixés et s'enchaînent pour faire un tout. La paire "Hoppipong"-"Met blasamir" forme une sorte de palindrome : la première partie emploie violons, pianos et voix en canon en abondance avec toute la flamboyance parfois rencontrée chez le groupe alors que le suivant utilise le gadget satanique du disque à l'envers. L'autre diptyque permet de faire un trip de près de vingt minutes : "Sorglopur" est une ascension très rock dans un ambiance gothique et dévastatrice et "Milano" correspond à la descente, d'abord en douceur puis l'accélération survient et c'est la chute.
Le regret vient surtout des trois derniers titres qui, sans être mauvais, font durer l'album sans aucun intérêt alors que l'essentiel était présent dès le départ.
Cet album est une suite cohérente à la discographie de Sigur Ros lui permettant de rester homogène mais sans se répéter. A l'image de la géographie de son île, sa musique reste singulière et énigmatique, c'est une terre de glace et de feu, un volcan en activité : l'évolution se fait lentement mais sûrement. |
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