Cuerdas cinq cent trente-cinq

Sophie Agnel & Christine Wodrascka

par Hugo Catherine le 30/09/2004

Note: 1.0    

Tout du long, nous sommes ici au plus près d'une expérimentation jusque-boutiste des potentialités sonores du piano. En effet ce duo à quatre mains, tapeuses, gratteuses, frappeuses, poussent le noble instrument dans ses derniers retranchements. Les deux musiciennes nous donnent à entendre des bruits totalement improbables, des bizarreries rythmiques et harmoniques inespérées.

Les atmosphères sont pesantes et mystérieuses. Les graves se font oppressants, les ponctuations sont pressantes, les accords se fondent dans un capharnaüm de sonorités inattendues. Nous assistons parfois au réveil du piano-monstre tel que nous ne l'avons jamais entendu : les notes crapahutent, heurtées. Ce monstre est à nos trousses, assurément. Sa marche est franchement chaotique, quasiment cacophonique. Les rythmes s'entrechoquent, les accroches mélodiques sont radicalement absentes. Tout cela grince, craque, chuinte. Le piano se fait tout autant souffle percussif qu'éboulis mélodique. Il semble lui-même subir sa propre expérimentation. Il se fait taper dessus, il est au bord de l'implosion : claquements de porte, bruits industriels, ses escapades apeurées sont pleines de trouvailles expérimentales.

Les deux pianistes semblent s'évertuer à nous donner une transcription musicale d'une chute hasardeuse. Leur démarche est indéniablement libre et périlleuse. Les plus passionnés, les plus connaisseurs, les plus amateurs du genre resteront jusqu'au bout. Les autres passeront leur chemin bien avant la fin. Bilan mitigé d'un projet exigeant pour tous, probablement inaccessible pour beaucoup.