Not a leaf remains as it was

Steve Peters + Steve Roden

par Hugo Catherine le 13/09/2013

Note: 7.0    

Une onde hypnotisante, des bribes de pas, des fourmillements passagers et une voix qui se meure ouvrent "Not a leaf remains as it was". Adeptes du temps long, Steve Peters et Steve Roden nous font entendre une rêverie au carré. Le premier morceau prend de l’ampleur lorsque les premières touches mélodiques viennent à nous, l’effet de lévitation pouvant alors opérer. Il faut une écoute plus méditative qu’attentive.

La musique est ici faite de multiples petits sons, souffles et instruments, de type clochettes, woodblocks, coquillages ou autres micro cymbales. Toutes ces touches sonores, toute en extrême douceur, servent une musique pleine d’espaces, de temps ralentis, de gigantesques interstices. Cette musique semble presque s’arrêter à chaque instant, et pourtant elle avance sans cesse, dans une enveloppe délicate et un peu merveilleuse. Les voix s’adossent à cet univers onirique, s’inspirant très librement de poèmes japonais. Ces poèmes sont transformés et chantés phonétiquement, sans barrières syntaxiques, sans significations, dans une démarche sonore d’inspiration oulipienne. Les sons-sens des deux Steve redonnent en quelque sorte une nouvelle vie surréelle à des textes d’origine spirituelle.

Si l’album nous invite à l’abandon, cherchant à nous prendre dans l’extase de ses sons, il est aussi bien conceptuel, stimulant la tête tout autant que l’âme. Entre témoignage sonore et voyage phonétique, Steve Peters et Steve Roden fusionnent les démarches de documentation et d’expérimentation des sons. L’écoute de "Not a leaf remains as it was" sera à coup sûr une expérience unique pour tous, mais saura tout aussi sûrement en rebuter plus d’un.