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Supersilent

par Frédéric Joussemet le 22/11/2000

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
04-janv


Liberté formelle et conceptuelle, liberté de son, d'ambiance, de tempo, liberté de chuchoter ou de hurler, de suggérer ou d'imposer, de créer, de se taire. Quatre hommes abattent des cloisons et n'en reconstruisent aucune, restent exposés au vent, c'est Supersilent. A la base ils sont trois musiciens de free jazz : trompette, clavier et batterie. Après dix ans de vie musicale commune -constamment partagée avec des projets personnels- ils deviennent quatre. Un homme et sa machine les rejoint, non pas un Dj mais un musicien à part entière, manipulant la technologie comme on gratte des cordes ou souffle dans un vent. Ils se rencontrent, montent sur scène sans se connaître et créent leurs mondes sans plans ni escalier de secours. Dès lors la démarche reste la même : ils ne se voient pas, ne discutent pas de leur musique et répètent encore moins. Après "1-3" leur premier triple album - un morceau par disque - arrive "4". En sept morceaux, Supersilent dresse un anti bilan de sa force. Imprévisible par définition, l'écoute devient exploration, oublie de la raison car quels critères peut-on conserver face à une expression aussi pure de l'instantané. Sur cet album encore - et pour toujours - aucune surimpression n'a été faite, tout est joué live, sons électroniques y compris. On entend quatre hommes penser, s'évader dans des sphères enfumées et aériennes ou s'enfoncer dans des limbes opaques. Ambient devenant expérimentation bruitiste, explosion rythmique puis vide percussif, quelques voix samplées, de la pluie qui tombe, un pic-vert s'attaquant au dance-floor, il est impossible de se préparer à la suite des péripéties. Et pourtant tout -ou presque- reste accessible, une bonne dose d'ouverture d'esprit permet de s'évaporer pour les rejoindre, eux qui deviennent les guides d'une visite dont ils ne connaissent pas encore l'issue. Ils sont scandinaves mais Arve Henriksen (trompette et électronique), Stale Storlokken (synthétiseur), Jarle Vespestad (batterie) et Helge Sten, ("audio virus") passent parfois en France : chacun de leurs rendez-vous est infiniment précieux.