| | | par Frédéric Joussemet le 16/10/2001
| Morceaux qui Tuent
5.1
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| Tout commence en douceur, nul ne sait où l'on va mais le mouvement a déjà commencé. Il nous pousse, inflexible, vers un sentiment étrange, une torpeur douce qui va et vient au milieu d'un no man's land acoustique. Entrecroisement de sons et de pulsations, l'éther musical enfle ou se recroqueville, comme mut par une respiration musicale. Alors un solo paisible de trompette survient derrière la brume, puis se meurt perdu dans un maillage électrifié d'ondes rocailleuses. La stridence monte, c'est une spirale qui mène à l'angoisse, et la perception douloureuse profondément s'incruste, sans raison apparente ni préméditation, jusqu'à son accomplissement en une rafale bruitiste autant que bruyante. Elle ne parvient même pas à nous faire décrocher ou à masquer la complainte originelle de la trompette. Prise au piège dans un déluge sonore, elle survit pour rappeler la douleur qui mena à cette folie autant destructrice que créatrice. Vingt minutes après le premier émoi, " 5.1 " finit, et laisse l'esprit esseulé. Pourquoi une musique nous touche-t-elle plus qu'une autre ? Comment le trouble se dégage-t-il pour nous envahir, modifier subrepticement nos vies ? Les propositions affluent et soudain, une éveille l'attention : la composition serait un obstacle à l'accomplissement émotionnel de la musique. Poussé à l'extrême par Supersilent, ce dogme se fait style de vie. Les quatre membres de Supersilent ne se rencontrent donc jamais en dehors de la scène, où leurs concerts s'étirent en une longue improvisation spontanée. Les cinq morceaux de l'album, de "5.1" à "5.5", sont extraits de ces séances de création pure, mais dans ce qu'elles ont de plus calme. "5.1" est en effet le morceau le moins " ambiant " de "5", celui qui se rapproche le plus de leurs parutions passées. C'est ce calme encore plus marqué que dans les albums précédants qui constitue le principal piège de l'album : écouter le silence est parfois difficile, mais souvent libératoire.
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