Melody moutain

Susanna & the Magical Orchestra

par Jérôme Florio le 11/02/2007

Note: 6.0    

Depuis quelques années, le "disque de reprises" est devenu un genre à part entière, qui dans le meilleur des cas sert de révélateur à des fortes personnalités (Stina Nordenstam avec son "People are strange", 1998). Le duo norvégien Susanna & His Magical Orchestra, auteur en 2005 de l'aérien "List of lights and buoys", s'y colle à son tour. Dans l'ordre d'apparition, onze reprises de : Leonard Cohen, AC/DC, Nico, Prince, Joy Division, Kiss, Bob Dylan, Scott Walker, Depeche Mode, Fotheringay.

La sélection est un exemple du "bon goût" sanctifié par la critique indie-rock dominante, qui mêle valeurs sûres (Cohen, Dylan…) et groupes autrefois pouilleux devenus respectables (AC/DC, Kiss). Ca limite sacrément les chances de plantage. Tous les titres subissent le même traitement : au ra-len-ti. Comme dévitalisés, un sang bleui coule dans leurs veines. Susanna, empreinte de solennité, dépose une gerbe de fleurs sur la tombe de ce bon Bon (Scott, le premier chanteur d'AC/DC - le nouveau porte un bérêt). Sa voix, claire et caressante, est soutenue juste ce qu'il faut par quelques bribes de piano, d'orgue ou d'harmonium : elle manque pas de rappeler celle de CatPower, auteur de "The covers record" en 2000, auquel on ne peut s'empêcher de comparer "Melody mountain".

Avec son côté recueilli et gentiment gothique, on aurait un peu plus rigolé si Susanna & His Magical Orchestra avait repris du Spinal Tap, par exemple. Au final, "Melody moutain" engourdit et lasse comme une Nouvelle Vague venue du froid.