Bons pour l'asile

Svinkels

par Julien Azuar le 12/10/2003

Note: 8.0    

Ca y est , ça recommence, les trois crevards du rap français sortent un album, leur troisième, après neuf longs mois de retard, quelques apparitions - avec TTC sur "Association de gens normals", "La mongolienne" sur la BO de "La beuse" - et un changement de maison de disques. Batards du rock et du rap, donc gros batards et uniques représentants du "crade-core", ils restent fidèles à eux-mêmes et revendiquent toujours leur crétinerie, leur amour pour l'alcool ("Happy hour","Le plancher m'appelle"), la fumette, la beauferie ("Le svink c'est chic") et les chefs-d'oeuvres du cinéma de boules ("Hard amat'"). Trois MCs (Gérard Baste, Nikus Pokus et Mr Xavier) dont deux blancs braillent des textes sur les filles et la déconne, accompagnés par un Dj haut de gamme (Dj Pone), cela rappelle vaguement un certain groupe nommé Beastie Boys. Et la comparaison ne s'arrête pas là : les instrus, composés en majorité par Nikus Pokus sont souvent directement inspirés de la période Def Jam du groupe américain ("De la came sous le saphir", "Dizy qu'il est fini"), enfin des thèmes sérieux sont abordés. Et là est le problème. Ce n'est pas une question de crédibilité mais d'inspiration : "L'Internazionale" est quasiment la même chanson que le "Front contre front" du précédent album, le refrain de "Ma musique" est plus ridicule qu'émouvant et "Plutôt mourir" est gâchée par des remarques politiques bidon. Comme si le hip-hop devait forcément véhiculer un message dans le genre. He bien non, le slip-hop du Svink est bien plus efficace quand il livre des lyrics qui ne servent à rien ("Ca sert à rien"), vite faits et mal faits ("Vite fait mal fait"). Heureusement ces compos débiles constituent encore la majorité de l'album, qui ravira donc une nouvelle fois les fans en attendant que les trois soiffards payent leur tournée.