Dumbala dumba

Taraf de Haïdouks

par Olivier Fassinotti le 23/03/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Dumbala dumba
Tot taraful
Hora ca la ursari


La musique "gypsy" d'Europe de l'Est regorge de petites perles comme en enfile le Taraf De Haïdouks, collectif roumain à la notoriété gagnée sur la route. "Dumbala Dumba" est le troisième album de ces infatigables "bandits d'honneur" des Carpates. Depuis leur précédent enregistrement, la famille s'est agrandie, invitant des musiciens des alentours de Clejani, leur village Q.G.. Toute musique a son code, celle des tziganes a le sien, la dissonance maîtrisée des violons et accordéons, avec ce truc déchirant et envoûtant à la fois. Les sons poussés dans leurs derniers retranchements et les gammes utilisées sont riches d'une culture nomade ayant ouvert grand ses oreilles partout où elle vagabondait. Intensité au maximum, forts moments de vie, on n’est pas là pour brasser dans le cellophane ! Ils jouent avec leurs tripes et les vocalises viennent du coeur. Le répertoire de "Dumbala Dumba" est celui qu'ils transcendent lors des grandes réunions de famille : mariages, anniversaires, baptêmes... Le genre de groupe que l'on aimerait avoir pour assurer l'ambiance de son Pacs. Danser sur "Rustem", "Tot taraful" ou "Terno chelipé" à fond la caisse après quelques verres d'alcool de patates. Sur ces thèmes, violons, accordéons et contrebasses démarrent au quart de tour, s'emballent pour atteindre la "pulse" que le corps réclame. On s'imagine la vitesse folle des doigts sur le manche du violon, sans jamais de répit. Les voix ont aussi quelque chose d'exceptionnel. Celle féminine, de Viorica Rudareasa ("Dumbala Dumba"), poignante et sensuelle, celle masculine, de Mr Mitika Cacurica ("Sabarelu" et "Padure verde, padure") haute en fréquence et sans baisse de régime, qui tiraille entre gaieté et tristesse. Enfin, on découvre, parmi les nouveaux venus, la prestation incroyable de Napoléon (aucun lien !? ). Accompagné de quatre potes usant pieds et mains en guise de percussions, il "scate" sur "Hora ca la ursari" avec une fluidité et une pêche à faire pâlir les jazzeux du genre. Pas besoin d'électricité pour produire une musique survoltée ! On attend avec impatience le prochain album (en mai) et le mariage de la famille Taraf avec la famille Kocani (musiciens de la B.O. de "Underground" d'Emir Kusturica) prévu pour cet été.