In and out of the light

The Apartments

par Jérôme Florio le 15/09/2020

Note: 9.0    
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"In and out of the light" : une métaphore exacte de la carrière de Peter Walsh, qui depuis le milieu des années 80 alterne périodes créatrices et longues absences, égrenant au passage des disques-phares qui lui ont acquis à vie un public fidèle ("The evening visits… and stays for years" en 1984, "Drift" en 1993), particulièrement en France.
Le cathartique "No song no spell no madrigal" (2015) venait rompre un silence de presque vingt ans, consécutif au deuil de son fils Riley. On mesure la chance d’avoir sous les mains le 7e disque des Apartments, tant on devine le prix intime que paye Walsh à chaque sortie. On l’aime instantanément, dès la première écoute.

Cela tient tout d’abord au caractère inhabituellement spontané de la création de "In and out of the light", dont l’écriture a eu lieu pendant l’enregistrement : le clair-obscur si caractéristique qui enveloppe les chansons de Peter Walsh se pare d’une chaleur inédite (l’orgue sur "Pocketful of sunshine", qui rappelle le slow "A wither shade of pale" de Procol Harum), et même dans "I don’t give a fuck about you" qui brûle les ponts pour enfin s’autoriser un futur. On sent de la part des amis musiciens du passé (Elliott Fish, Chris Abrahams, Nick Allum) et du présent (Natasha Penot et Antoine Chaperon), présents en studio à Sydney ou de l’autre côté de l’hémisphère, la volonté de servir au mieux les chansons. Peter Walsh parle plus que jamais de lui-même à travers les personnages fictifs de ses textes : quand il chante "I want to start living again" (sur "Pocketful of sunshine") ou "Even the guy I was in 2010 is a stranger to me now" (sur "Butterfly kiss") difficile de ne pas y voir de trace autobiographique.

Il survient ensuite quelque chose pendant l’écoute, alors que l’on se dit que le style de Walsh est maintenant trop conscient de lui-même, et que l’on pourrait placer devant chaque chanson de "In and out of the light" un équivalent dans sa discographie passée : comme se rendre compte, après avoir aimé successivement plusieurs personnes, que ce que l’on tenait pour neuf à chaque fois n’était en fait que le reflet inconsciemment désiré de la même chose, d’un premier amour, ou d’un visage fugacement entrevu, qu’il en sera toujours ainsi, et c’est bien.



APARTMENTS What's beauty to do ? (Clip 2020)


APARTMENTS Pocketful of sunshine (Clip 2020)