Give

The Bad Plus

par Sophie Chambon le 23/04/2004

Note: 5.0    

Ce "Give" paradoxal, nouvel album très attendu de la révélation "djaaz" de l'année dernière, le trio déluré The Bad Plus, n'est pas à la hauteur du précédent "These are the vistas".
A moins d'être devenu terriblement exigeant et versatile (au sens français cette fois), on a peur que le groupe n'ait plus grand chose de neuf à apporter. Car cet album confirme la tendance annoncée par ces "bad boys" acharnés qui jouent toujours aussi vite, fort et propre. Une fois la surprise passée, on finit par se lasser de cette insistante continuité. Ethan Iverson, Dave King et Reid Anderson nous remettent le couvert avec la même indéfectible énergie, mais l'appétit n'y est plus !

La rythmique est sans la moindre nuance, Dave King, comme le suggérait non sans malice Aldo Romano, fait partie de cette génération de batteurs qui s'entoure de tout un attirail, castagnettes et autres ustensiles qui ont l'air d'être tombés du haut de l'armoire, ce qui explique le fracas parfois insupportable. Sans compter que le pianiste que l'on avait déjà pris, dans l'album précédent, en flagrant délit de débordement et d'emphase n'est jamais en reste, toujours heureux de nous déverser une cascade de notes et de nous plonger dans un océan de mauvais goût (leur reprise de "Velouria" !). Une fois encore, c'est le bassiste que l'on préfère, car il est bien le seul à apporter quelques notes de finesse dans ce monde de brutes, quand on arrive toutefois à l'entendre ("Street woman", "Frog and toad").

Alors The Bad plus ? Encore très vigoureux et hybride mais plus vraiment déjanté, ni provocateur. Déconstruisant presque machinalement, sans véritable intention parodique, ils manient le mélange des styles sans la moindre orthodoxie, qu'il s'agisse de jouer un boogie ("Layin a strip for the higher Self Lane") ou de finir sur un chant funèbre "Iron man". Avec un inaltérable entrain, ils juxtaposent artificiellement leurs compositions et leurs versions de morceaux empruntés aux Pixies, à Black Sabbath, et bien sûr à l'incontournable Radiohead (LA source d'inspiration majeure à la mode). Un résultat bien décevant…