200 million thousand

The Black Lips

par Emmanuel Durocher le 03/07/2009

Note: 9.5    
Morceaux qui Tuent
Let it grow
Starting over
Trapped in a basement


Ce cinquième chapitre du grand livre des aventures des Black Lips a ses pages écornées par la sueur et souillées par le cambouis. L'écoute de "200 million thousand" se fait intensément, comme après la découverte d'un carton de 45 tours des Stones, des 13th Floor Elevators, des Seeds et des Sonics au détour d'un vide-grenier.

Entre foire aux monstres, hommages respectueux et blague de potaches, le son des Géorgiens apparaît d'autant plus garage que c'est leur premier album autoproduit et avec leur attitude de branleurs, autant dire que ce n'est pas soigné. Pourtant ce n'est pas gênant : les Black Lips beuglent plus qu'ils ne chantent et n'arrivent pas à aligner plus de trois accords sur les sept qu'ils connaissent. La vérité est ailleurs, dans cette musique brutale et sale accompagnée d'accents mélodiques.

On devine sous la couche de crasse une sensibilité à fleur de peau et on mesure le chemin parcouru sur les morceaux "calmes" comme "Starting over", brouillon magique qui bidouille les Stones à travers une mélodie magnétique hantée par la Rickenbaker des Byrds, le velvetien "I'll be with you", la ballade psychédélique "Trapped in a basement" ou "Old man", correspondance brumeuse avec le Brian Jonestown Massacre. Mais la sauvagerie excelle aussi avec des titres comme "Take my heart" ou "Let it grow".

Paradoxalement "200 million thousand" est un album terriblement moderne qui aurait dû sortir en 1967...



THE BLACK LIPS Short fuse (clip 2009)