Mega breakfast

The Chap

par Jérôme Florio le 13/06/2008

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Caution me
Ethnic instrument
Fun and interesting
Proper rock


Ça commence comme une blague : un Allemand, un Grec, un Écossais et une Anglaise sont sur un dancefloor. Le Grec (Panos Ghikas, bassiste) hésite entre le port du kilt et un short. L'Anglaise (Claire Hope, claviers) prend un air raide et germanique. L'Allemand (Johannes von Weiszäcker, guitare et chant) se déhanche tandis que l'Écossais (Keith Duncan, batterie) fait des grimaces. Tout le monde s'accorde finalement sur une chorégraphie de macarena pour androïde. The Chap nous invite à une fête à Neu! Neu! qui fait surtout mal aux guibolles et pas trop à la tête.

De l'hymnique "Fun and interesting" au totémique "Ethnic instrument", le rythme est le maître mot de ces drôles d'hymnes martiaux et discoïdes. Les sonorités électroniques tirent les chansons vers quelque chose d'abstrait (le faux funk ripoliné de "Surgery", "Take it in the face") mais The Chap sait aussi lâcher les guitares, pour un irrésistible défouloir ("Proper rock"), ou après une longue mise en jambes ("Caution me"). Les changements de braquet fonctionnent bien, comme sur le speedé "Carlos Walter Wendy Stanley", sorte de morphing non-sensique à base de Stanley Kubrick et Walter Carlos (le compositeur de la musique en plastique de "Orange mécanique", l'homme qui passait Bach au Moog). Le groupe est basé à Londres, vitrine d'une culture pop que l'on s'amuse à démantibuler : par exemple "Ethnic instrument", caricature un peu siphonnée du "sono-mondialement correct". Mais The Chap est davantage qu'un groupe d'amuseurs. Les arrangements sont bien pensés, notamment pour les cordes ou les cuivres, qui y vont franco côté emphase ("Fun & interesting") ou en glissades contrôlées ("Take it in the face"). "I saw them", titre ambient avec d'intelligentes virgules de cordes et de chœurs, n'est pas sans rappeler le Colin Newman de "Commercial suicide".

A l'autre extrémité du dancefloor, "Wuss wuss" se demande "Oh, where's my soul gone ? Where is home ?" : un désarroi existentiel très moderne (même préoccupation chez Radiohead, dans un genre plus cérébral) . The Chap propose d'en rire et de faire danser tout le monde, de Londres à Tanger - voilà peut-être un début de réponse.


CHAP Caution me (Live 2008)