A mouthful

The DØ

par Emmanuel Durocher le 07/02/2008

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Searching gold
At last !


Do, la première note de la gamme ou deux initiales : celles de Dan, compositeur hétéroclite issu du jazz et Olivia, chanteuse franco-finlandaise un peu barrée. Ce premier album est le fruit d'une idylle musicale entamée après des collaborations sur des musiques de films vite oubliées ("L'empire des loups", "Passenger", "Camping sauvage"), de théâtre ou de danse.

Partant du principe qu'il n'y a plus rien à inventer, les deux acolytes se promènent dans une discothèque imaginaire – comme si Nouvelle Vague se mettait à des compositions originales avec une seule chanteuse mais toujours cet air de déjà-vu. La musique est plurielle et cherche à se conjuguer à tous les temps : des structures mélodiques complexes où se greffe une voix de caméléon qui passe du falsetto au murmure, du phrasé rap à l'hystérie.

L'entrée en matière est lumineuse : "Playground hustle" ressemble à la première partie d'un concert de Jethro Tull dans un parc d'attractions psychédélique où les chœurs d'enfants et la voix d'Olivia se confondent à travers les volutes de flûtes puis deux titres au format pop universel : la mélodie byrdsienne et gorgée de soleil d' "At last !" et les consonances publicitaires de "On my shoulders". On assiste ensuite à un enchevêtrement plus ou moins convaincant de morceaux convexes - un gospel style Motown ("Stay (just a little bit more"), des Talking Heads cuisinés à la sauce Morricone ("Tammie"), du folk finlandais encadré de rythmes tribaux ("Unissasi lautelet"), une incursion new-wave ("Aha"), un exercice hip-hop éminemment ridicule ("Queen dot kong") – et de titres concaves, beaucoup plus intimistes : "Searching gold", petite pépite exigeante digne d'une Liz Phair à son meilleur et "Coda", qui revisite en douceur à la manière de Air les possibilités des synthés Moog ou Korg, mais aussi "When was i last home" et "Travel light", à la concavité qui tourne à vide, laissant vite transparaître l'ennui.

On reste finalement perplexe à l'écoute de ces vignettes musicales qui ne prennent pas toujours le recul nécessaire. Les deux électrons libres semblent prisonniers d'un carcan qui confond éclectisme et fourre-tout, récréation ambitieuse et ambition récréative – ce qui n'empêche pas bien sûr "A mouthful" d'avoir ce succès annoncé avant même sa sortie. Un album qui surprend mais en fait un peu trop : voilà ce qui arrive lorsqu'on met les bouchées doubles…