Teenage head

The Flamin' Groovies

par Chtif le 29/06/2004

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Whiskey woman


Au commencement était le groove. Les petits malins ayant bien assimilé ce postulat de départ n'ont pas mis longtemps à comprendre que pour retenir l'attention des filles, il fallait les faire danser. Et dans le genre, avec "Teenage head" les Flamin' Groovies s'y employaient comme personne pour mettre le feu aux pistes moites des clubs de San Francisco, sans boucle rythmique, ni sample synthétique, ni "surround bass" ni aucun autre de ces grossiers artifices destinés à remuer le cul.

Normal, on est en 1971, on branche juste le jack, on lance le tempo et place à l'électricité pure. Ca joue nerveux et saignant, ça tripote du blues (la reprise du "32-20" de Robert Johnson), ça rockabillyse à l'occasion ("Evil hearted Ada", ou comment racoler ses clientes grimé en Elvis complètement trippé) et certains morceaux, comme le très country "City light", seraient à l'honneur sur "Exile on main street" ou "Sticky fingers" (sorti en 71, lui aussi) des Rolling Stones.

Roy Loney au chant ne recule devant aucune roublardise : il crache ses mots comme une petite frappe des bas-fonds, tandis que Cyril Jordan besogne à la slide guitar, un scalpel à la main. Quand ils feignent d'adoucir le propos, c'est pour mieux l'instant d'après tendre à nouveau leur traquenard suintant la rage adolescente. Et nous, victimes consentantes et naïves, d'y replonger tête la première, les yeux fermés...

Passé l'ultime morceau, "Whiskey woman", les lascars nous abandonnent trop vite sur le bas-côté : le bitume fume et le corps pantelant et malmené en redemande. Heureusement, cette réédition est agrémentée de sept bonus dont cinq jouissives reprises, des ultra-classiques des tables de la loi du rock&roll : "Shakin' all over" de Johnny Kidd (les Who, cinglés notoires également, s'y étaient déjà collé), "That'll be the day" de Buddy Holly, "Louie Louie" de Richard Berry & The Pharaos, "Walkin' the dog" de Rufus Thomas et "Carol" de Chuck Berry. Rien de moins !

Réécouter les Flamin' Groovies aujourd'hui, c'est aussi et surtout s'offrir le luxe de pouvoir encore emmerder ses voisins, ses parents ou ses enfants en le jouant en boucle, à volume maximum. Ca vous rappelle quelque chose ? On est là pour quoi déjà ?

Visiter le site du guitariste Cyril Jordan, aujourd'hui peintre et leader des Magic Christian (lien ci-contre)