The Hook, ou comment mesurer
l'influence que purent avoir les Cream et Hendrix sur de jeunes
musiciens californiens. Issus des Leaves, petit nom dans le folk-rock
de San Francisco, The Hook mue à la fin 67 en un power trio
énergique, à la manière de Blue Cheer. Banal direz-vous, il furent
probablement des dizaines à brancher des guitares à fond dans des
Marshall. Seulement The Hook est mené par un petit génie, le
guitariste et chanteur Bobby Arlin, qui compose tout et évite à son
groupe le double écueil qui guettait pas mal de post-garage bands de
l'époque : la manie des reprises et la tombée dans le
bubblegum.
Comme ses grands ainés de la Baie et ses modèles
Anglais, Arlin puise son inspiration dans le blues, le
psychédélise à fond (bien qu'il fût un très modéré bouffeur
d'acide) et emballe le tout de sa science du riff - assené - et des solos - ciselés. Alors, quand les
compositions sont bien tournées et les mélodies accrocheuses ("Son
of fantasy" et ses guitares, à gauche, à droite, "Plug your
head in", qui sentent bon leurs amplis à lampes), on s'étonne
que ce Hook là n'ait jamais franchi l'étape des premières parties
(Creedence Clearwater Revival, Buffalo Springfield, Love...) et acquis une réputation
au-delà de Frisco.
Tune In, le label de Cherry Red dédié
aux perles acides, réédite en un seul leurs deux albums : "The
hook will grab you" et "Hooked", tous deux de 1968, et les bonifie du single paru en 69 "In the beginning"/"Show you the way".
Les amateurs de heavy blues rock psychédélique en auront pour leur
argent.