Astaroth

The Jamie Saft Trio

par Damien Rupied le 11/09/2005

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Ariel


Ce disque est le premier à documenter le "Book of angels", second songbook de Masada composé par John Zorn. Près de trois cents nouveaux morceaux, portant tous des noms d'anges, ont ainsi vu le jour à l'automne 2004, avant d'être présentés au public du Tonic, le club alternatif du Lower East Side new-yorkais, en décembre dernier lors d'un mini-festival Masada. Depuis le début de l'année, quelques formations issues de la Downtown Scene new-yorkaise sont entrées en studio pour enregistrer la musique de ce nouveau corpus zornien. Le premier volume est l'oeuvre d'un trio piano-contrebasse-batterie tout ce qu'il y a de plus classique, à savoir Jamie Saft, Greg Cohen et Ben Perowsky.

La première (bonne) surprise de ce disque, c'est le jeu de Jamie Saft au piano. On le connaissait jusqu'à présent essentiellement comme joueur de claviers électriques, plus versé dans l'installation d'ambiances sonores un peu électroniques, que comme pianiste au toucher délicat, ce qu'il se révèle être ici. Peu de dérapages free ou de torrent furieux de notes dans ce disque, l'accent est plutôt mis sur les mélodies, et le disque s'apparente d'ailleurs un peu à ceux de la série des "Filmworks" de Zorn, en général plus abordables pour les oreilles non-initiées. On croise ainsi des mélodies légèrement naïves (dans le sens pictural et non péjoratif du terme), un tendre lyrisme qui frise parfois la douce mélancolie, quelques motifs orientaux qui rappellent l'origine du projet, et un swing jazz quasi constant. Un éclairage du répertoire de Masada qui fait plus penser aux ensembles de "Bar Kokhba" qu'à l'interprétation fougueuse du quartet originel.

Outre Jamie Saft, le trio brille aussi par une section rythmique irréprochable. Que ce soit Greg Cohen, membre du quartet fondateur, ou Ben Perowsky, partenaire entre autres de Uri Caine et Bojan Zulfikarpasic, les deux musiciens varient agréablement les climats. Parfois tonitruants, mais toujours swinguants, à d'autres moments plus retenus, pour souligner la dimension méditatives des mélodies interprétées.