Every conversation : The story of the June Brides & Phil Wilson

The June Brides

par Jérôme Florio le 14/05/2006

Note: 7.0    

En Angleterre, il n'y a pas que les écoles d'art qui aient accouché de rockeurs : Phil Wilson et Simon Beesley se sont rencontrés au début des années 80 à la London School of Economics – école de Mick Jagger en son temps...

Cimentés autour d'un amour commun pour le punk, Wilson et Beesley donnent leur premier concert avec les June Brides après une seule répétition. Les Brides faisaient partie des nombreux groupes qui gravitaient autour du Living Room, le club tenu par Alan McGee : mais à la place de finir sur le label du patron, Creation Records, ils signent avec Pink Records en 1984. Plombés par de sérieux problèmes financiers, ils déposeront le bilan deux singles et deux albums plus loin, tous regroupés sur la présente anthologie en deux volumes "Every conversation". Le premier disque comprend les enregistrements studio, et le deuxième documente les sessions radio de la BBC, diffusées dans les programmes de John Peel et Janice Long.

"In the rain" et "Every conversation", les deux singles de leurs débuts, posent l'identité sonore du groupe : l'originalité résidait dans une section de cuivres permanente, et la présence au violon de Frank Sweeney – l'influence assumée du Velvet Underground (la reprise de "After hours"), que l'on redécouvrait dans les années 80. "There are eight million stories" (1985) leur a valu d'être la coqueluche éphémère de la presse musicale anglaise. Malgré les cuivres, le son est encore assez marqué par l'esthétique punk et post-punk : la plus grande part en revient aux riffs économes et secs de Frank Sweeney, que survole Phil Wilson d'une voix blanche ("I fall", "Sick tired and drunk", "Enemies") – une recette en droite descendance du tandem Shelley/Devoto (The Buzzcocks) ou Wire. La basse ronde de "Disneyland" offre un côté plus dansant (avant eux, A Certain Ratio avait mélangé post-punk rigide, funk et percussions). Le deuxième LP "This town" (1986) montre un adoucissement, les arrangements de violons et de trompettes passent au-devant des guitares : les compositions sautillantes rappellent les Dexy's Midnight Runners ou les Pale Fountains. Il manque toutefois un petit quelque chose pour les mettre au niveau de ces derniers – l'abattage d'un Kevin Rowlands, ou l'assurance mélodique des frères Head. Sans perdre leur côté pop (des réussites dont l'accrocheuse "Better days"), les Brides semblent avoir la tête davantage tournée vers les USA : le riff de "On the rocks" ressemble à "His latest flame" du King Elvis (avec une inspiration plus précieuse, donc proche de "Rusholme ruffians" des Smiths). "Waiting for a change" et "Even now" utilisent des guitares hawaïennes, l'inspiration country-folk se fait davantage sentir : une choriste est conviée sur plusieurs titres ("Love in vain" - aucun rapport avec les Stones -, "10 miles"), notamment "Jackson", une reprise de Lee Hazlewood & Nancy Sinatra.

Une redédouverte très valable, bien servie par une réédition soignée et exhaustive.