Up the bracket

The Libertines

par Jérôme Florio le 08/02/2004

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Up the bracket


Depuis la sortie de "Up the bracket" début 2003, on a eu des nouvelles des Libertines principalement par l'entremise des voraces tabloïds anglais, qui ont complaisamment relayé les frasques judiciaires de leur chanteur et guitariste Peter Doherty. Un seul single, "Don't look back into the sun" (paraît-il très bon), est venu fêter le retour à la normale et laisse espérer que ce groupe fort attachant n'est pas condamné à tomber si rapidement au champ de bataille.

Car les Libertines s'exposent, offrent imprudemment leur poitrail dénudé au rock'n roll, avec ce panache que l'on connaît parfois aux anglais. Leurs têtes d'angelots les trahissent, on a davantage envie à l'écoute de leur premier disque de hurler "twist & shout !" que de beugler "no future" : "Vertigo", "Death on the stairs", "The boy looked at Johnny", bien que tranchantes, ont autant le côté tendre et sautillant des Dexy's Midnight Runners que la classe mélodique des Beatles période bleue. La référence aux Fab' Four est explicite sur "Boys in the band", et encore plus dans le clip qui accompagne "Up the bracket" (sur le DVD bonus qui motive la ressortie) : on y voit le groupe mimer avec humour la gestuelle des garçons de Liverpool dans une fête débridée, pour s'échapper d'une grisaille bien anglaise vers un monde plus glamour, festif et coloré. Une chanson pop parfaite, qui condense urgence et mélancolie en même pas trois minutes. Merci.

En comparaison, les Libertines semblent emmener sur une bonne moitié des titres un plus petit braquet. C'est de plus en plus souvent le cas pour ces jeunes groupes que l'industrie du disque envoie au charbon sans ménagement, pour vite rentabiliser un album bouclé sous la pression. Bonjour les dégâts.

Mais les Libertines s'en sortent avec les honneurs : malgré des riffs un parfois un peu brouillons, l'humour "camp" de "Horrorshow", la préciosité typée Buzzcocks de "Time for heroes" font tomber toutes les réserves. Ils sont même assez grandioses sur la pause à mi-parcours "Radio America", slow bancal enregistré à la va-comme-je-te-pousse. Sûrs de leurs effets, les Libertines connaissent par coeur la recette pour confectionner des bombinettes à la fois prolo et pleines de morgue, et ne manquent pas de l'appliquer systématiquement tout au long des treize titres.

Reste que"I get along", brillante réponse aux américains The Strokes, et "What a waster" sont faites pour frapper juste et précis, là où ça fait mal : on a beau se dire que l'on ne se fera pas avoir, rien à faire. Ca marche toujours aussi bien en 2004, et c'est une bonne nouvelle de plus.