Beauty party

The Majesticons

par Alexandre Leroy le 11/03/2003

Note: 8.0    

Certains considèrent le hip-hop comme une musique simpliste. Pourtant, des activistes comme Mike Ladd font tout pour prouver le contraire. Dans son univers imaginaire, la lutte fait rage entre deux clans aux intérêts profondément antagonistes, les Majesticons et les Infesticons. Ils se livrent une guerre sans merci pour le coeur et l'âme de la musique noire. Robots gangsta faisant l'apologie du superficiel et du matérialisme, les Majesticons ont subi leur premier revers en 2000 sur le premier album de la trilogie, "Gun Hill road", l'album des Infesticons, ces humains vivant à la périphérie de New York et bien décidés à maintenir en vie le côté profond et revendicatif du hip-hop. Après cette déconvenue, les Majesticons se sont alliés aux Trusticons (vous suivez toujours ?) qui leur ont appris la vraie vie des nantis (mettre son sweat FUBU au placard et porter des costards italiens, remplacer son flingue par une batterie d'avocats...). Bref, c'est bien équipés et revanchards que les Majesticons présentent aujourd1hui "Beauty party", sorte "d'Empire contre-attaque" de cette trilogie rapologique. Un disque où Mike Ladd et ses acolytes (El-P, ex-Company Flow et Vast Aire de Cannibal Ox) parodient donc avec brio tous ces rappeurs qui préfèrent exhiber leurs Rolex et leurs pompes Gucci, au lieu de prendre par exemple une position ferme et courageuse contre la guerre en Irak. Chacun son truc. Mike Ladd réussit du coup son pari, il dénonce les dérives (artistique et intellectuelle) du hip-hop mainstream en le singeant : des beats qui n'ont rien à envier à Timbaland, des textes sans relief, entendus mille fois (argent, voitures, bijoux, beauté...) et des chanteuses omniprésentes qui viennent adoucir tous les titres avec des refrains putassiers ne pouvant plaire qu'aux fans de Ja Rule. En fait, cet album est nul. Ou génialissime au second degré, sa juste valeur, une fois comprise la démarche de ses auteurs. Il est un tout, qui confirme la doctrine sociologique du holisme puisque largement supérieur à la somme des quinze titres ultramodernes et stéréotypés qui le composent.