Elephant people

The Married Monk

par Jérôme Florio le 15/04/2008

Note: 7.0    

Les Married Monk refont surface avec la bande-son d'un "opéra rock" – ouh là, premier réflexe craintif face à cette expression qui ravive le douloureux souvenir de disques enflés, comme le "Bat out of hell" de Meat Loaf (1977). Heureusement, il n'y a que les personnages de "Elephant people" qui soient un tant soit peu cauchemardesques.

Le disque est une commande passée au groupe (et à l'australien Daniel Keane pour le livret) par le metteur en scène Renaud Cojo. Christian Quermalet chante donc les mots d'un autre, avec une réelle épaisseur de conteur à la Lou Reed sur l'ouverture "Spiel" ou encore "Merrick's meditations". L'espace d'une chanson, plusieurs personnages prennent tour à tour la parole : l'Homme à deux corps, Clémentine la femme à barbe, Jojo the dog-faced boy… tous ont existé, avec pour figure tutélaire John Merrick, le "Elephant man" du film de David Lynch (Dominique A, copain des Monk, a également écrit une belle chanson sur lui). Quermalet s'efface pour laisser à d'autres le soin de les incarner. C'est par exemple Vincent McDoom qui prête sa voix à Joseph-Josephine l'hermaphrodite – oui, le McDoom de "La ferme des célébrités" sur TF1, un sacré freak-show dans son genre.
Au sein des Married Monk, les claviers d'Etienne Jaumet semblent prendre le pouvoir, certainement grâce à son expérience "krautrock" avec Zombie Zombie (décidément). On navigue donc surtout dans des titres "ambient", néanmoins supportés par une solide section rythmique.

"Elephant people" est un disque qui tient debout sans son pendant visuel, mais au détriment d'une narration statique qui procède par une succession de monologues intérieurs. Les Married Monk compensent ce manque de liant en créant des ambiances variées. Elles font écho aux sentiments qu'éprouvent ou inspirent les personnages, du romantisme pur (le slow "Pretty lads") à l'effroi (l'ambiance de "Merrick's meditations" qui fait penser au début du "Thriller" de Michael Jackson), sans angélisme aucun.