R/o/c/k/y

The Married Monk

par Luz le 18/05/2001

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Ancora tu
Roma amor


G/é/n/i/a/l. La roue tourne, préparons-nous à la recevoir dans la gueule : tapies à l'angle du bimillénaire, les années 80 préparent leur retour. Cravates fines en cuir à la Paul Young, maquillage et gants en dentelle Cindy Lauper, coiffures poireau-décoloré façon Kajagoogoo, les pages 'mode' nous envoient les premiers coups de semonce. La musique suivra, ainsi que l'espoir de Jeanne Mas de nous briser une dernière fois les noix en rouuggénoiiir. Mais version techno, faut savoir ressusciter avec son temps. Avec son imagerie d'album de slows à la Scorpions, la pochette du dernier The Married Monk est donc atrocement 'in'. Oubliez cependant les années 80. De cette bouche à rouge à lèvres pétant frappée d'un éclair surgissent les morceaux qui surlignent le mieux notre époque, une poésie complexe et pourtant si évidente... On en jurerait que "R/o/c/k/y" a accompagné notre intimité depuis déjà plusieurs années. Certes, deux autres magnifiques albums le précèdent ("There's the rub" et "The Jim side", chez Rosebud, une collection complète qui ne vous ruinera pas), avec toujours en son ventre Christian Quermalet, pote de Yann Tiersen, compositeur et arrangeur magicien, guitariste, pianiste et surtout chanteur sans précédent (cette voix claire et pourtant grave, avec cet accent qui pousse le sourire dans un coin). Mais en quoi cela prend-il tant au corps ? La subtile simplicité des mélodies (l'excellent reprise de "Sea song", de Robert Wyatt, précise leur filiation), mais aussi la richesse de ses arrière-plans musicaux. Chaque morceau des Married Monk est comme une photo trop floue accrochée devant son bureau et dans laquelle on prend plaisir à se perdre. Il est aussi rare de croiser un groupe qui sache prendre des risques. Ne parlons plus de la pochette, là, c'est plutôt un suicide, mais, à l'heure où il est payant de surfer sur la vague cubano-hispanico-salsa-muy-bueno, les MM nous livrent deux superbes chansons... en italien (dont une reprise de Lucio Battisti, le Dylan spaghetti), interprétées par l'autre chanteur-guitariste du groupe, Fabio Viscogliosi. Et pour un groupe français qui chante en anglais, c'est téméraire. Vous ne les connaissez pas ces Married Monk ? Cela fait pourtant des décennies que vous attendez leur "R/o/c/k/y".