Something big

The Mick Fleetwood Band

par Francois Branchon le 01/10/2004

Note: 5.0    

Mick Fleetwood a lancé un nouveau label, Private Cellar. Présenté au Manhattan Ballroom de New York le 13 septembre, l'assemblage 25% Cabernet Franc et 75% Merlot s'épanouit dans les Westerly Vineyards autour de Santa Ynez en Californie. Le vin passera trente mois en fûts de chêne, puis dix-huit en bouteilles avant commercialisation. Sympa. Sinon Mick Fleetwood lance aussi TallMan, un autre label, de disques celui-là, dont la première sortie est ce "Something big", troisième album sous son nom. Cependant peu concerné par les à-côtés il a confié à Sanctuary le soin de s'occuper de tout, au point que la marque n'apparaît même pas sur la pochette.

"Something big" est l'œuvre d'un trio de base, Mick Fleetwood et ses jambes interminables derrière sa batterie sur mesure, le guitariste-compositeur-producteur Todd Smallwood et le chanteur Lauren Evans. Ce dernier occupe pas mal d'espace, sorte de Knopfler/Dylan à voix de cendrier de fin de nuit, qui couvre un spectre assez large, de l'intimisme relatif à la gueulante. Parsemé de "trucs" inutiles (le bruit du bras d'une platine vinyle en fin de course), de gris gris électro, d'élans démonstratifs de piano à queue ("Watching over you"), d'alliances de styles défiant la raison ("Heaven sent" et son salmigondis de piano classique, guitare acoustique blues et accordéon cajun virant sur la fin en gros pudding électrique !), de chœurs déplacés ("Passion")... la production gâche ce qui pourrait être du bon country-blues-électrique authentique par le parti-pris de vouloir être originale à tout prix. Et noyée, la musique frôle le n'importe quoi, les morceaux, aux intros séduisantes voire intimistes (instruments acoustiques, traditionnels parfois), basculant dans le bruyant (des riffs de guitares à l'emporte pièces)...

Les musiciens additionnels sont tous des pointures : la pianiste classique Oleg Schramm (par ailleurs spécialiste de Hammond B-3), le bassiste Chris Golden, le percussionniste Oliver Brown (K.C. and the Sunshine Band)... Sur ce genre de disque, des "guests" (en français des "vieux de la vieille") passent évidemment dire bonjour : le guitariste Matt Andes (ex Spirit et Jo Jo Gunne), le bassiste Lee Sklar venu rejouer sa ligne de basse du "Looking into you" de Jackson Browne, lui-même présent aux vocaux, et une réunion des complices du "vieux" Fleetwood Mac (avant les coiffeurs) John McVie et surtout Jeremy Spencer, silencieux depuis plus de trente ans et son éjection après l'album "Then play on".

Mick Fleetwood connaît ses limites de batteur mais prétend connaître le reste et diriger les autres. A voir. Son album se prend les pieds dans le tapis. Mais peut-être que les séances d'enregistrement dans le ranch de Toll Smallwood au milieu de sa plantation d'avocats (clin d'œil sur la pochette au "Eat a peach" des Allman Brothers) furent un peu trop arrosées de Private Cellar...