Flash

The Moving Sidewalks

par Francois Branchon le 22/01/2001

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
You don't know the life
Joe blues


Remontée dans l'histoire de ZZ Top, ou plus précisément de celle du guitariste Bill Gibbons. En 1964, à 14 ans, marqué par les Rolling Stones, les Kinks et les Them, Bill forme avec des potes de son lycée The Saints (rien à voir avec les australiens !), un groupe jouant le rhythm and blues de ses idoles. Deux ans plus tard, l'onde psychédélique partie de Californie atteint le Texas et transforme les Saints en Moving Sidewalks (pas d'équivoque sur le carburant !!), quatuor acid-rock gardant au fond des poches de petites pilules blues. Le groupe ne rencontrera qu'un succès régional et grâce à Hendrix dont ils assurent les premières parties texanes en Février 1968, ils réalisent "Flash", leur seul album. Le groupe spilitte en effet faute de succès. Et ce n'est qu'en 1969 que Bill Gibbons remontera son groupe, recrutant d'autres musiciens et l'affublant du nom bizarre de ZZ Top.

"Flash" est un très bon album de rock psychédélique, d'une tenue supérieure à bien des garage bands approximatifs de l'époque. Pourquoi un échec, malgré des musiciens qui savent jouer et possèdent le feeling blues ? Le Texas n'était peut-être pas la terre promise de ces années-là, quand (presque) tout se passait sur la West Coast... Pourtant, dès l'intro, "Flashback" entrelace solo de guitare acide et volutes de sitar, "Scoun da be" et "Pluto - sept 31th" évoquent Hendrix, "You don't know the life" transpose les Vanilla Fudge sur le terrain du blues (très bel orgue de Tom Moore et vocaux inspirés, presque poignants de Bill Gibbons), "Eclipse" et "Reclipse" jouent avec les gimmicks de l'époque (bandes à l'envers et vocaux zappesques) et "Joe blues" est le morceau de bravoure, au centre le l'album, celui des prouesses sur six cordes et l'orgue qui remue les tripes en profondeur (comme le "Two train runnin" de Blues Project ou "Help me" de Ten Years After). Bill Gibbons et Tom Moore s'y déchainent et le morceau de 8 minutes mérite haut la main le statut de pièce maîtresse. En revanche "Crimson witch", "You make me shake" et "No good to cry" manquent de transcendance.

La réédition offre cinq titres bonus antérieurs qui ne dépareraient pas la collection "Nuggetts" de Rhino : "99th floor", petite pépite dans la lignée de leurs cousins texans Thirteen Floor Elevators (un hommage ?), une version acide méconnaissable, à l'orgue lourdement ondulant, de "I want to hold your hand" des Beatles, "Need me", au gimmick de guitare qui rappelle "Night of the long grass" des Troggs ou encore le joyeux "Every night a surprise".

Au royaume des labels rééditeurs dignes de ce nom (Rhino, Bear Family, Repertoire, Edsel..), il faut ajouter les italiens d'Akarma, pour leurs réalisations soignées (très beaux digipacks, recherches de bonus-tracks et son excellent) avec toutefois une faiblesse sur les livrets (ici inexistant).