Boxer

The National

par Jérôme Florio le 19/06/2007

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Mistaken for strangers
Ada


"Boxer" est à la hauteur des attentes suscitées par une notoriété qui va croissant, en partie grâce à une communauté internet active et passionnée qui sévit sur les blogs musicaux ou myspace.com. Ce mode de promotion par la base, pourrait-on dire, a déjà profité à leurs copains Clap Your Hands Say Yeah!, et rencontre un écho favorable dans les médias plus installés (presse spécialisée, Bernard Lenoir qui classait "Sad songs for dirty lovers" meilleur disque de l'année 2003).

L'album précédent "Alligator" (2005) fonctionnait comme l'animal du même nom : tapi au fond de l'eau, attendant patiemment l'agitation en surface avant de bouger et d'attaquer. A l'inverse, "Boxer" décoche des coups d'entrée de jeu, avant de se blottir dans les cordes. Le piano et la rythmique, déterminée et toute en roulements, posent les fondations d'un son mûr et compact. Cuivres et cordes (violons nerveux sur "Fake empire") sont arrangés par Padma Newsome (des Australiens The Clogs), membre permanent et indispensable d'une petite famille élargie qui comprend entre autres le vidéaste français Vincent Moon, Thomas Bartlett (aka Doveman, clavier chez Elysian Fields) ou Sufjan Stevens... "Boxer" offre un large précipité de sensations urbaines : la raideur de "Mistaken for strangers" (le travail des cols blancs, personnages froids et interchangeables) ou "Squalor Victoria" répond à des titres plus intimes ("Apartment story", "Racing like a pro") dans lesquels se débat un narrateur au bord de la déprime et de la perte d'identité. Avec sa voix grave, pâteuse et légèrement fatiguée, Matt Berninger chante une Amérique dans laquelle la guerre a contaminé les cerveaux et les vies ordinaires. Les trompettes de "Ada" relèvent fièrement la tête avant un "Gospel" final et dépouillé.

The National est un des groupes au son rock contemporain le plus abouti, parfaitement équilibré entre néo new-wave rigide (moins systématique que Interpol ou Editors) et romantisme adulte et lettré. Malgré les coups durs au moral, "Boxer" est un disque combatif dans un "empire de pacotille".


NATIONAL Fake empire (Live TV David Letterman 2007)