Morceaux qui Tuent Tannenbaum Departure Index of first lines Return
"Ah ! un nouveau Nits !! Sans
doute cela en laissera beaucoup de marbre, tant les Hollandais n’ont
jamais eu le quart du succès qu’il méritent, à part aux
Pays-Bas, pays à la riche scène musicale. Mais pour les fidèles
qui les suivent depuis des années, les aiment et tentent de partager
cet amour, un nouveau Nits est loin d'être anodin. Depuis le début
encensé par la critique et qualifié d'"incapables de produire
de mauvais disque", les Nits sortent aujourd'hui "Strawberry
Wood" (sic), dernier d'une lignée d'une bonne vingtaine
d'albums.
Les Nits, nés à Amsterdam en 1978 (premier album
autoproduit en 1978, puis "Tent" en 1979, premier sur une
major) ont depuis 2008 renoué avec leur mode de formation en trio,
sans bassiste, de leur origine : Henk Hofstede (chant/guitare),
Robert Jan Stips (claviers) et Rob Kloet (batterie). Catalogués bien
souvent de "XTC continentaux" depuis leurs débuts, les
Nits ont toujours eu pourtant ce "petit truc" différent,
ou en plus, ce son "européen" si caractéristique dont
seraient incapables les Anglais.
Les deux premiers titres de
"Strawberry Wood" laissent présager un très bon cru :
"Hawelka" surprend même par la voix plus nasillarde
que de coutume d’Hofstede, mais aussi plus franche, plus à même à
oser les écarts (de tons, de volumes). "The hours"
pourrait justifier par son indolence et son canon final tout un
article. Ensuite le calme revient le temps de "Distance",
pas loin de l’anecdotique, mais le groupe enchaîne heureusement
sur un "Departure", pas forcément plus énergique, mais
une ballade parmi leurs plus belles, avec ce clavier entêtant,
et cette montée de fin. "Nick in the house of John" est
une assez belle tentative folk, qui rappellerait presque Dylan. Il
peut arriver qu'ils soient un peu "en deçà" parfois,
notamment sur "La petite robe noire" même si, chantée
dans un bon français, la chanson rappelle l'amour des Nits pour la
France (chaque album offre régulièrement une chanson sur notre
pays, et leur concert "annuel" – pour les seuls
Parisiens! - est devenu un rite). Avec "Index of first lines"
par contre, même si les Nits refont le coup du néo-folk, on ne peut
nier la franche réussite, toujours sur ce mode de la
répétition du même air entêtant, et directement familier aux
oreilles : on jurerait y entendre dans l'instru de conclusion des
réminiscences de "Two of us" des Beatles (influence de
tous temps assumée, d'ailleurs "Strawberry Wood"...). On
est définitivement sous le charme… Puis arrive le sommet,
"Tannenbaum", dans un registre auquel les Nits ne nous ont
pas franchement habitué : la soul. C’est beau, c'est réussi,
quasi sensuel même (ça non plus, les Nits ne nous ont pas vraiment
habitués), et le sens mélodique du refrain, renforcé par le
crescendo au piano, prend tout son sens dans cet enchevêtrement
quasi-parfait avec le couplet "soul". Par la suite, le
titre "Jisp" fait redescendre le niveau (et les hormones),
"Bad dream" et sa guimbarde amusent, avant qu'une dernière
ballade, "Return", ne ré-atteigne les sommets.
En
conclusion, les inconditionnels ne retrouveront pas dans "Strawberry
Wood" l’atmosphère unique et épurée d’un "Ting",
les tentatives jazzy réussies de "Wool" ni totalement non
plus la fraîcheur dansante d’un "Woman cactus", mais il
y a ici de telles fulgurances que nous persistons et signons : NON,
définitivement, les Nits ne sont pas capables de faire de mauvais
disques !".