Strawberry Wood

The Nits

par Fabrice Boudin le 02/02/2010

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Tannenbaum
Departure
Index of first lines
Return


"Ah ! un nouveau Nits !! Sans doute cela en laissera beaucoup de marbre, tant les Hollandais n’ont jamais eu le quart du succès qu’il méritent, à part aux Pays-Bas, pays à la riche scène musicale. Mais pour les fidèles qui les suivent depuis des années, les aiment et tentent de partager cet amour, un nouveau Nits est loin d'être anodin. Depuis le début encensé par la critique et qualifié d'"incapables de produire de mauvais disque", les Nits sortent aujourd'hui "Strawberry Wood" (sic), dernier d'une lignée d'une bonne vingtaine d'albums.

Les Nits, nés à Amsterdam en 1978 (premier album autoproduit en 1978, puis "Tent" en 1979, premier sur une major) ont depuis 2008 renoué avec leur mode de formation en trio, sans bassiste, de leur origine : Henk Hofstede (chant/guitare), Robert Jan Stips (claviers) et Rob Kloet (batterie). Catalogués bien souvent de "XTC continentaux" depuis leurs débuts, les Nits ont toujours eu pourtant ce "petit truc" différent, ou en plus, ce son "européen" si caractéristique dont seraient incapables les Anglais.

Les deux premiers titres de "Strawberry Wood" laissent présager un très bon cru : "Hawelka" surprend même par la voix plus nasillarde  que de coutume d’Hofstede, mais aussi plus franche, plus à même à oser  les écarts (de tons, de volumes). "The hours" pourrait justifier par son indolence et son canon final tout un article. Ensuite le calme  revient le temps de "Distance", pas loin de l’anecdotique, mais le groupe enchaîne heureusement sur un "Departure", pas forcément plus énergique, mais une ballade parmi leurs plus belles, avec ce clavier  entêtant, et cette montée de fin. "Nick in the house of John" est une assez belle tentative folk, qui rappellerait presque Dylan. Il peut arriver qu'ils soient un peu "en deçà" parfois, notamment sur "La petite robe noire" même si, chantée dans un bon français, la chanson rappelle l'amour des Nits pour la France (chaque album offre régulièrement une chanson sur notre pays, et leur concert "annuel" – pour les seuls  Parisiens! - est devenu un rite). Avec "Index of first lines" par contre, même si les Nits refont le coup du néo-folk, on ne peut nier la franche réussite, toujours sur ce mode de la  répétition du même air entêtant, et directement familier aux oreilles : on jurerait y entendre dans l'instru de conclusion des réminiscences de "Two of us" des Beatles (influence de tous temps assumée, d'ailleurs "Strawberry Wood"...). On est définitivement sous le charme… Puis arrive le sommet, "Tannenbaum", dans un registre auquel les Nits ne nous ont pas franchement habitué : la soul. C’est beau, c'est réussi, quasi sensuel même (ça non plus, les Nits ne nous ont pas vraiment habitués), et le sens mélodique du refrain, renforcé par le crescendo au piano, prend tout son sens dans cet enchevêtrement quasi-parfait avec le couplet "soul". Par la suite, le titre "Jisp" fait redescendre le niveau (et les hormones), "Bad dream" et sa guimbarde amusent, avant qu'une dernière ballade, "Return", ne ré-atteigne les sommets.

En conclusion, les inconditionnels ne retrouveront pas dans "Strawberry Wood" l’atmosphère unique et épurée d’un "Ting", les tentatives jazzy réussies de "Wool" ni totalement non plus la fraîcheur dansante d’un "Woman cactus", mais il y a ici de telles fulgurances que nous persistons et signons : NON, définitivement, les Nits ne sont pas capables de faire de mauvais disques !".




The NITS Departure (Son seul)



The NITS Distance (Clip 2010)