Let's live for today: The Rokes in english 1966-1968

The Rokes

par Francois Branchon le 07/02/2009

Note: 8.5     
Morceaux qui Tuent
Let's live for today

spiraleEcouter
spiraleAcheter


Le destin tient parfois à pas grand-chose, une tempête de sable qui vous coince à Roubaix ou un coup de foudre pour un unijambiste dans la queue de l'ANPE, et voilà soudain l'horizon qui change et une vie nouvelle qui commence ! Le Shel Carson Combo était un petit groupe anglais de blues-rock de club, émigré sur le continent en 1963 (à Hambourg dans un club mal famé du port), fondé par Shel Shapiro ancien guitariste des Blue Caps de Gene Vincent, avec le guitariste Vic Briggs (futur musicien d'Eric Burdon et remplacé par Johnny Charlton), le batteur-chanteur Mike Shepstone et le bassiste Bobby Posner. Partis cachetonner en Italie comme backing band du minet Colin Hicks (petit frère du rocker Tommy Steele), ils durent le remplacer au pied levé lorsque le pauvret chopa un rhume et resta sans voix...

Et c'est ainsi que l'histoire commence. Sautant sur l'occasion, ils s'empressent de jouer leur propre répertoire et déclenchent l'hystérie du public de Milan. Teddy Reno le producteur de Rita Pavone (super star de la variété italienne d'alors) flaire l'affaire et signe illico "ses Beatles italiens", change leur nom en The Rokes et leur impose d'écrire et chanter en italien. Les singles vont défiler en ribambelle de 1966 à 1970, années de gloire certifiées or.

Premier hit sérieux fin 1966 avec leur cinquième publication, "Che colpa abbiamo noi" (adaptation de "Cheryl's goin' home" de Bob Lind), morceau pop excellemment balancé, mais single surtout intéressant pour sa face B, la compo originale "Piangi con me" (pleure avec moi). "Piangi con me", LA merveille, morceau miraculeux qui scotche d'entrée, évident, puissant, beau, un des morceaux-symboles des sixties, tous pays confondus. Couplets susurrés d'une voix haut perchée, balayés par un refrain libéré par des "one, two, three, four", guitares électriques saturées, lourdement psychédéliques. Sûrs de leur coup, The Rokes en enregistrent une version en anglais, "Let's live for today", titre qui parviendra fin 1967 aux oreilles américaines des Grass Roots, qui en feront le "hit" nuggets international que l'on connaît (repris par des centaines de garage bands et régénéré dans les années 80 par les Lords of the New Church). Devant ce succès, Les Rokes enregistreront en 1968 une deuxième version en anglais, "Passing through grey", aux paroles différentes et musicalement identique.

Idoles de la péninsule, les Rokes n'en oubliaient pas pour autant leurs origines, et ils tentèrent de conquérir un peu de gloire dans leur patrie. Chaque sortie de single fut cependant un échec, autant le basique "She asks of you" que le délicieux psyché-pop "Telegram for Miss Marigold" ou leurs reprises de "Summertime" et "Somewhere". Et quand leur éditeur parvint à faire reprendre une de leurs chansons ("Ride apples") par un groupe anglais (Tuesday's Children), ceux-ci changèrent le titre en "Bright eyes apples" (à écouter sur la compilation Rev-Ola "Strange lights from the East").

Cette compilation proposée par Cherry Red a la bonne idée de rassembler tous ces morceaux-là, dont bien sûr les deux versions de "Let's live for today"/"Piangi con me".




The ROKES Piangi con me (Audio seul)