Spit the blues out

The Saints

par Francois Branchon le 29/12/2000

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
I want to be with you tonight


En pleine vague punk, les Saints australiens de Chris Bailey (surdoué auteur-compositeur et guitariste) imposent au monde entier deux albums de rock-rhythm and blues à la Stones de très haute tenue, "(I'm) stranded" en 1976 et "Eternally yours" en 1978. Leur boite de disques (l'anglaise Emi) incapable de réagir au succès et obnubilée par les tubes du top ten, massacre le groupe, qui décide de splitter à la publication de son troisième album, "Prehistoric sounds", miroir-règlement de compte de sa galère anglaise.

Talent gâché et énergie en rade, Bailey rencontre l'année suivante son samaritain, le français mécène des losers Patrick Mathé, boss du magasin et label New Rose.
La discographie de cette deuxième vie est longue comme un jour sans pain, depuis le mini LP "Paralytic tonight, Dublin tomorrow" en 1979 jusqu'à ce "Spit the blues out" qui paraît aujourd'hui chez Last Call, le label fiston de New Rose. Il y a du bon ici, des réminiscences Stones sont toujours là, "A gentleman came walkin", la reprise de "Who's been talking" de Chester Burnett, du Saints bien rock aussi, "Waiting for god" digne descendant de l'antique premier single New Rose "Simple love" et de la grande tradition australienne (remember les Hoodoo Gurus ?)...
Il y a aussi du moins bon, du rock-blues fatras, "The beginning of a beautiful friendship", de l'indéfini, "Where did my mind go?" (rock ? blues ? boogie ?), l'inévitable morceau lent, "I want to be with you tonight", reprise parfaite et bien sentie de James Moore (MT !) et enfin le titre éponyme, "Spit the blues out", décalé, une curieuse atmosphère de convocation de démons, avec bandes passées à l'envers et variations de vitesse, bidouillages dignes des débuts des quatre pistes.

Un album mi-figue, mi-raisin, dont quelques pépins auraient pu être évités (les morceaux entre deux chaises) et dans lequel Patrick Mathé, qui s'invite à la guitare sur quelques titres et à l'harmonica partout, devrait se lâcher plus souvent et abandonner sa manière appliquée (timide ?) et convenue de souffler.