1986-1989

The Subway Organization

par Chtif le 20/10/2005

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Completely and utterly - The Chesterfields
Shimmer - The Flatmates
Like an angel - Pop Will Eat Itself


Subway Organization fut un de ces labels éphémères créés par un fan dont la motivation première était de partager sa passion. Un pari utopique qui permit tout de même à Martin Whitehead de sortir pas moins de 17 singles et 15 albums en l'espace de trois ans. Fort de sa horde de seconds couteaux aux guitares aiguisées, Subway devint au passage l'un des fers de lance du mouvement C86, voué à trouer la grisaille ambiante.

1985, la pop innocente et joyeuse renaît confidentiellement dans les pubs, et les sourires reviennent sur les visages. Pas de message, pas de larmes dessinées sur les joues, juste des rythmes qui s'emballent et des filles qui montent au créneau, cuisinant des mélodies sucrées (les Bangles viennent de montrer la voie) à la sauce Ramones.

Les Charlottes (loués par John Peel) ouvrent le bal de cette compilation avec le fameux "Are you happy now" de 75 secondes, dont 15 de larsen. Ils reviendront pour clôturer la soirée avec un "Cold" au riff punk mille fois entendu mais, miracle du trois-accords, toujours aussi frais et efficace.

Dans l'intervalle, les principales signatures du label revivent leur quart d'heure de gloire. Toutes ne seront pas citées ici mais ont merveilleusement bien vieillies (hormis peut-être les plus connotés 80's Choo Choo Train). La guitare fuzz, option fraise de dentiste, est à l'honneur. Les Bubblegum Splash, portés par la troublante voix enfantine de Nikki Bar, s'affirment shoegaze avant l'heure tandis que les Groove Farm n'en finissent pas de déchirer la scène en percutant larsens et orgue strident (pas étonnant qu'ils citent les merveilleux agités de Slade en fin de chanson).

Pop Will Eat Itself, engagé sur une poignée de mains selon la légende, durcit encore le ton et balance l'air de rien une pure pépite garage, "Like an angel". Entrelacs de voix, basse sans concession, furia de guitare et batterie frénétique se volent dans les plumes et se disputent l'auréole sous une pluie de métal.

Au milieu de ce déferlement de jeunes loups, les Chesterfields apportent une irrésistible fraîcheur avec leur pop claire comme un lever de soleil, mais ce sont les Flatmates, menés par la pétillante Debbie Haynes, qui dominent cette compilation avec un "Shimmer" décidément incontournable qui exprime à lui seul le sens du mot "bonheur".

Malheureusement, miné par son manque d'expérience, Subway sombra au seuil des 90's. Il n'en fallut pas plus pour que la grisaille revienne. Reste cette compilation pour dissiper les nuages.