Sympathique production anglaise, sans la morgue et l'arrogance qui nous écartent des groupes en provenance d'Outre-Manche. Au contraire, les Wave Pictures font du pop-rock décontracté, sans artifice : le son est volontairement rêche, dans une production à minima et une esthétique lo-fi qui rappelle les disques d'Herman Düne - ceux d'avant "Giant", par ailleurs des copains du groupe. Tous les instruments ont un son naturel, sans chichis, que ce soient les classiques guitare-basse-batterie ou encore violon, ukulélé et harmonica. L'humeur est plutôt enjouée, et c'est aussi du côté des Modern Lovers de Jonathan Richman qu'il faut chercher une parenté : Dave Tattersall parle de confiture, de machines à écrire... bonne humeur au programme. Les Wave Pictures ne détestent pas non plus un certain classicisme, notamment sur les titres mid-tempo, par exemple "Red wine teeth" sur lequel le solo de guitare est tout de même un peu téléphoné. Le folk sec et nerveux de "Strange fruit or David", avec le violon et le chant étranglé de Dave, se rapproche des Violent Femmes. Le bât blesse justement sur la voix : pour lui ajouter un supplément de personnalité, on lui a scié les basses, elle donne l'impression qu'elle a été enregistrée dans le cagibi du fond du jardin... et l'affectation très british de la prononciation, assez maniérée (un peu Brett Anderson, de Suede), sonne étrangement artificielle et se révèle crispante.
