There was only one band behind them all

The Wrecking Crew

par Francois Branchon le 27/01/2019

Note: 10.0    
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Merci à cette compilation salutaire, hommage (rarement terme aura été aussi justifié) à un groupe quasi fantôme, connus des seuls professionnels de la musique, artisans en cuisine des meilleures recettes, des chefs musiciens trois étoiles sans qui beaucoup de disques américains du début (rock) comme de la fin (pop rock) des sixties n'auraient jamais existé tels que nous les connaissons.

The Wrecking Crew gravite autour du batteur (de formation jazz) Hal Blaine, assistée de sa fidèle bassiste (de formation jazz également) Carol Kaye. En 1965, quand nous, jeunes ados européens, découvrons le premier album des Byrds, Blaine et Kaye ont - sans que personne ne le sache puisqu'ils n'étaient jamais crédités sur les pochettes - déjà à leur actif une brassée de hits : engagé par Phil Spector sous le nom du Wall of Sound Orchestra, on doit au Wrecking Crew "He's a rebel" des Crystals comme "Be my baby" des Ronettes, mais aussi "La Bamba" de Richie Valens, "Summertime" de Sam Cooke et les premiers hits surf : "Surf city" de Jan & Dean, "I get around" des Beach Boys... Enchainant avec la vague pop qui submerge la Californie et les Usa en général, ils vont ensuite enregistrer "These boots are made for walkin" de Nancy Sinatra, "Eve of destruction" de Barry McGuire, les albums "Pet sounds" et "Smile" des Beach Boys, "Mrs. Robinson" de Simon & Garfunkel, "Zodiac cosmic sounds" l'album ovni de Mort Garson (dont la réédition a été chroniquée dans Sefronia) et tant d'autres...

En réalité, The Wrecking Crew devient dès 1965 la bouée de sauvetage des maisons de disques, qui explosion pop oblige signent en masse les groupes qui surgissent de tous côtés, mais dont la plupart des musiciens étaient incapables d'aligner la moindre note en studio. Marché oblige, il fallait que leurs disques sonnent, et le Wrecking Crew va faire sonner The Mamas and the Papas, The Byrds, The Monkees ou The Beach Boys ! A propos de ces derniers, prenons "Pet sounds" (ou "Smile"): combien d'exégèses et d'incorruptibles analyses ont encensé ces albums au point d'en faire les meilleurs disques pop de tous les temps. Brian Wilson était certes un compositeur de génie, mais hormis les vocaux, aucun Beach Boy n'y joue la moindre note, au contraire d'un Wrecking Crew au grand complet qui se charge de tout. Hal Blaine a mis en forme, écrit les arrangements et Carol Kaye imaginé toutes les lignes et gimmicks de basse (celui de "Good vibrations", c'est elle !). Récemment, "Love and mercy", le biopic sur Brian Wilson réalisé par Bill Pohlad en 2015 mentionnait et montrait Hal Blaine à la manœuvre en studio, lui restituant sa place historique.

The Wrecking Crew a continué d'œuvrer au long des années soixante-dix et quatre-vingt, Spector produira avec eux l'album "Death of a ladies' man" de Leonard Cohen. Ses membres étaient fluctuants, mais un noyau dur subsistait de disque en disque autour du binôme Blaine/Kaye : les guitaristes Glen Campbell, Tommy Tedesco, Larry Knechtel ou la paire Billy Strange/Al Casey (filière Lee Hazlewood), les batteurs Earl Palmer et Jim Gordon, le bassiste Joe Osborn, les claviers Leon Russell et Dr John (et oui).

Hal Blaine et Earl Palmer furent les premiers à être honorés au Rock & Roll Hall of Fame en 2000, suivis du groupe comme entité en 2007. Et l'année suivante Denny Tedesco réalisa un documentaire pour la télévision américaine retraçant l'aventure de ce groupe hors-norme, histoire d'honorer ses musiciens et de laisser une trace. C'est la bande son de ce doc qui est aujourd'hui édité sur le présent coffret par le label américain Rock Beat.

Quatre Cd (73 titres au total) comme une gigantesque bande-son des sixties : les groupes connus déjà cités (Beach Boys, Byrds, Mamas & Papas, Hazlewood, Ronettes, Sam Cooke, Seals & Croft, Sonny & Cher, puis Cher seule, Grassroots.., ceux qui eurent de petits succès d'estime ou un hit sans lendemain (Gary Lewis, Tommy Roe, The Association, Barry McGuire, 5th Dimension, Bobby Sherman, Paul Revere, Sandpipers...) et ceux que l'industrie lança mais restèrent dans l'anonymat : Jewel Akens, Shelly Fabares, Marilyn McCoo, The Routers, April & Nino, Sizi Jane Hokom, Wayne Newton, Miss Tony Fisher...

Le dernier Cd rassemble les singles que des membres du Wrecking Crew sortirent sous leur propre nom, Al Casey, Emil Richards, Billy Strange (de nombreux albums de guitare instrumentale chez GNP Crescendo), Barney Kessel (disques alimentaires d'ambiances au creux de sa carrière de jazzman) et naturellement Hal Blaine (dont l'album "Psychedelic percussion" de 1967 chez Dunhill est un must).






CAROL KAYE, GUITARISTE, PUIS BASSISTE DE THE WRECKING CREW, "INVENTEUSE" - ENTRE BEAUCOUP D'AUTRES - DU RIFF DE GUITARE DE "LA BAMBA" (Richie Valens), DES LIGNES DE BASSE DE "THE BEAT GOES ON" (Sonny & Cher) OU DE CELLES DE "GOOD VIBRATIONS" (Beach Boys) EXPLIQUE L'HISTOIRE...

CAROL KAYE STORY (Tv Usa 2008)





QUELQUES OEUVRES DE THE WRECKING CREW :



































ETC... ETC... ETC...