Créé par le seul Taylor Kirk et pensé à l'économie, Timber Timbre s'éloigne peu à peu de la lo-fi hantée de ses débuts ("Cedar shakes" en 2006, "Medicinals" en 2007) pour aborder un territoire où la frontière entre folk, blues, et country est de plus en plus floue. L'ouverture acoustique "Demon host" fait d'abord penser à un énième groupe folk de gentils Mormons à la Bowerbirds ; mais Kirk aime plutôt évoluer dans une atmosphère claire-obscure, un peu inquiète, celle de la nuit qui tombe et qui recouvre tout d'un rideau gris. Il a l'idée d'utiliser un orgue qui crée le décalage ("I get low", "Lay down in the tall grass") et une ambiance de baloche surannée. Sur "Magic Arrow", vaguement menaçante, le Toronto de Taylor a des airs du "Nebraska" de Bruce Springsteen - et partant de là, un soupçon de la sécheresse de Suicide, ce qui suffit à créer une atmosphère. A deux reprises (sur "Demon host" et "We'll get by") des choeurs indiquent que la noirceur est sur le point de se retirer de la musique de Taylor Kirk. "No bold villain" ramène à un schéma folk plus classique et intemporel, dans la veine d'un Matt Ward (dont la voix de Taylor, augmentée d'écho, est proche), mais très joliment exécuté. Sans trop faire de bruit, Timber Timbre réussit son petit voyage hors des sentiers battus, avec concision et sens de l'équilibre.